Sur le papier, le film me paraissait plutôt attrayant. Une petite immersion dans l'univers artistique des transformistes, une relation père-fils axée sur l'acceptation de soi, une petite virée dépaysante à Cuba... tous ces ingrédients étaient présentés avec beaucoup d'intensité dans un trailer bien rutilant ! Quelle déception !
Viva raconte l'histoire de Jésus, un jeune cubain fasciné par l'univers du cabaret qui va se confronter à son père, ex-boxeur, surgissant du passé suite à sa sortie de prison. Cette caractérisation grossière ne brille pas par son originalité. Le cliché de la brute épaisse alcoolique qui contrecarre les rêves de son fils pour finalement éprouver de la fierté s'illustre ici par un coup de poing en pleine face lors de son tout premier spectacle suivi d'une caresse de la même joue 2 heures plus tard. Et lorsqu'on apprend la raison pour laquelle le père a été libéré, le film suit un classique schéma larmoyant qui ne laisse absolument aucune surprise.
Mais le principal reproche que je fais à Viva c'est son absence de passion ardente. Toute la construction du film est censée reposer sur le désir qui anime Jésus. Cette volonté de monter sur scène et de tout donner pour enfin vivre son existence comme il l'entend. Mais à aucun moment je n'ai senti une justesse dans son rapport à la scène. Oui il y a des regards appuyés et quelques affirmations furtives qui vont dans ce sens, mais lorsqu'il s'agit de le démontrer par les actes, il ne se passe rien. Nada. Aucune émotion, aucune intensité; uniquement des gestes maladroits et hésitants. Le château de cartes s'effondre. Bien qu'elle soit un bien plus intense, la prestation finale m'a paru presque ridicule. Non pas que je m'attendais à une success-story bête et méchante. Je regrette simplement l'absence de totale progression subtile dans les différentes prestations.
Enfin, je salue l'intention de dresser un portrait social réaliste de Cuba, dénonçant les perspectives d'avenir limitées d'une jeunesse délaissée, mais je trouve que Viva s'éparpille dans de nombreuses directions en s'écartant un peu trop de son sujet initial. À défaut d'apporter plus de richesse, ces multiples "appendices" narratifs ne font que renforcer le côté artificiel du film.
Viva avait tout pour gagner ma sympathie, mais il s'est finalement consumé par son enrobage trop académique. "Pourquoi on aime tant le drame sur cette île ?" Cette réplique ironique résume plutôt bien mon ressenti en sortant de la salle. Un sentiment amer de m'être fait floué sur la "marchandise".