Parce que tu n'auras rien d'autre ici.
J'imagine bien le point de départ : fin de soirée (ou après-midi au salon de thé), bande de potes (ou paire de copines) qui se disent : "tu vois l'horreur ? Non je peux pas faire ça… tous ces gens qui vont s'installer en banlieue, dans ces grandes banlieues où toutes les maisons se ressemblent… et une fois que tu y es, si t'as envie de partir, c'est foutu, c'est trop tard. C'est comme si t'étais coincé là. T'as envie de tout cramer, mais en un rien de temps, tu as un gosse… et là c'est trop tard. Tu sens que tu pourras pas partir tant qu'il sera à charge. Et après, ils grandissent tellement vite, tu vois pas le temps passer. Tu te retournes, bam, le gamin a 9 ans, ton mari s'abîme dans le travail… Ton seul refuge ma chérie, ça va être ton gosse. Et alors celui-là, plus il grandira, plus t'auras l'impression d'avoir un alien à la maison… Quelques moments de complicité, et beaucoup de hurlements. Et je te parle pas de l'isolement. Si tu rêves de barbecues entre voisins, oublie : chacun dans sa misère, t'as pas d'ami.
Quand ton mari finit par se tuer littéralement à la tâche, tu te rends compte que tu as créé un ingrat, qui irait jusqu'à t'enterrer vivante pour récupérer la baraque. Et tout ça pour quoi ? Pour devenir à son tour un petit employé interchangeable… Crois-moi, le véritable enfer, c'est cette vie-là."
Et donc, manifestement, derrière ce groupe de bavards désabusés, un petit malin prenait des notes, pour tout développer sous la forme d'une grosse allégorie à sens unique. Moi, j'aime bien quand la couche symbolique (si vraiment il en faut une) est posée sur une histoire qui a déjà de l'épaisseur et de l'existence ; ici, on prend les archétypes de la famille de banlieue qui consume sa vie dans l'aliénation, on transpose tout au coucou / forme de vie non identifiée, emballé c'est pesé. Je suis tristesse.