Vivement dimanche !, dernier film de François Truffaut et considéré comme beaucoup comme un chef d'œuvre, notamment chez les critiques professionnelles accordant bien trop d'importance à une Nouvelle Vague assez prétentieuse, est des plus décevants. On ne retrouve pas la poésie des 400 coups, les acteurs pourtant réputés sont mauvais et finalement, on se demande si ce n'est pas la fatigue du réalisateur qui donne ce résultat.
Commençons tout de même par le point positif du film, non négligeable puisqu'il lui vaut la moyenne, à savoir l'hommage au polar noir et au maître Alfred Hitchcock dont Truffaut se veut le plus grand fan. Fasciné par l'univers du réalisateur anglais, il n'a cessé au long de sa carrière de s'intéresser de très près à l'œuvre du maître du suspense, réussissant même le tour de force de publier un entretien des plus complets dans un livre et qui nous livre clairement les deux façons de penser. On le ressent clairement cet hommage, on voit bien qu'il y a un effort, une volonté de bien faire et de retranscrire le plus fidèlement possible l'ambiance mortelle des complots hitchcockiens.
Malheureusement, ça ne suffit pas : un budget français pour une production française, qui plus est réalisée par un homme de la Nouvelle Vague et qui à ce titre a un ton quelque peu pédant, des acteurs qui surjouent associés à une pseudo histoire d'amour invraisemblable et un scénario poussif font perdre tout intérêt pour un film dont on sent qu'il est de trop.
L'exemple des deux acteurs est flagrant et on peut citer une scène en particulier où on les voit clairement réciter un texte sans saveur comme le café qu'ils boivent. Tout se passe dans la boutique du présumé coupable que la police prend bien soin de ne pas fouiller pendant toute la durée du film pour une scène d'anthologie où M. Trintignant offre à Mme Ardant du café dégoutant. Dès lors les deux comédiens se donnent la réplique en explicitant bien que le café est trop chaud, bien trop chaud : ça sonne terriblement faux, au même titre que le scénario.
Le scénario, parlons-en : le temps des bibliothèques murales cachant un passage secret est révolu, même dans les années 1980. Nous ne somme pas dans Chapon melon et bottes de cuir, nous sommes face à un polar dans lequel un meurtrier veut faire accuser un autre innocent ! Et si le réalisateur veut faire douter de la culpabilité du héros, la pilule a du mal à passer tant les fils du scénario ressemblent à des cordes. Couplé à une mise en scène qu'on préfèrera oublier tant elle est prétentieuse et ressemble à un simple exercice de style, cela donne un film ô combien décevant, surtout quand on voit l'aura qui l'entoure.
A croire que puisqu'il s'agit de Truffaut, on ne peut plus rien dire.Or, il faut avouer que dans sa filmographie, il y a plus à jeter qu'à sauver. D'ailleurs, comme pour la fin de sa filmographie, la fin du film est bâclée, la faute à un manque d'argent sûrement : on résout l'enquête d'un coup d'un seul, comme dans un twist final qu'on attendait plus et qui arrive comme un cheveu sur la soupe. L'héroïne a tout découvert et avec l'aide de policiers forts avisés va dénoncer le meurtrier réel. Mais pas de spolier ici, le nom du grand méchant ne sera pas prononcé.
Bref, ça a du mal à prendre, difficile de ressentir quelque chose devant ce Vivement Dimanche ! passable, regardable un dimanche soir à la télévision mais sans plus. Un casting de rêve qui n'aide pourtant pas une réalisation prétentieuse et déjà vue, aux effets de mise en scènes plus agaçants qu'autre chose et dont on oubliera très vite les tenants et aboutissants. Dispensable.