Vivre est une véritable fresque sur la prise de conscience d'un homme qui lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un mal incurable se décide enfin à sortir de sa léthargie. C'est également un hymne à l'acte social.


Akira Kurosawa est sans doute le plus grand cinéaste humaniste de tous les temps. La majeure partie de sa filmographie est basée sur ce véhicule d'idées positives. Même lorsqu'il pose sa caméra dans les endroits les plus sombres, il recherche toujours la lumière, l'espoir.


Ikiru exprime l'idée que la raison d'être d'un homme doit se trouver dans l'action, il ne doit s'affirmer que dans cette acte. Une action en faveur des autres, des plus défavorisés, des plus faibles. l’œuvre est un véritable hymne à la vie aussi. Une vie qui ne trouve d'éveil qu'à son crépuscule. L'angélique Takashi Shimura est stupéfiant de justesse dans le rôle d'un homme que le sort n'a pas épargné. Un homme qui décide de se lever quand le destin voudrait qu'il se couche.


Le film est bâtit en trois segments distincts. La première partie montre un homme que sa fonction dispose à stagner. Il n'existe que dans son inaction et semble coincé par les lenteurs et les règles d'une société qui l'ont empêché d'exister en tant qu'individu. Petit homme au visage fermé, assis derrière un bureau sur lequel reposent des amoncellements de paperasses qu'il tamponne tel un robot. Un homme mort en somme.


Une voix-off le présente comme un outil d'une société immobiliste. Lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer, il s'apitoie d'abord sur son sort, puis se met peu à peu à s'éveiller sur le monde. Il se décide subitement à vivre. Comme ci l'approche de la mort semble lui faire prendre conscience de son existence.


Dans la seconde partie, il se met à vivre et à découvrir les effets bénéfiques du mouvement. La réalisation de Kurosawa devient alors plus dynamique et animée.
L'homme entre dans la notion de mouvement. Il avance soit vers l'inéluctabilité, mais aussi vers les autres. Il use alors de toute son énergie au service d'une action.


Dans la troisième partie, après une nouvelle intervention par la voix-off nous apprenant sa mort, on assiste à un long intermède entre plusieurs personnes l'ayant côtoyé dans son inaction. Et par morcellement, chacun prend conscience que cet homme au demeurant passif a su s'élever en tant que décideur et a finalement changé la vie des autres. Il a donc agit, sa vie a donc servi et sa mort le fait finalement, enfin, vivre aux yeux des autres.


Cette troisième partie est typique du cinéma de Kurosawa, où des hommes se réunissent et se mettent à débiter des paroles de vérité sous l'effet de l'alcool, Ozu n'est pas loin.
Chacun campe d'abord sur ses positions, la notion d'individualisme.
Au milieu de la salle de deuil se trouve le portrait du défunt qui semble contempler l'assemblée avec le regard de la sagesse. Subitement ce portrait semble prendre vie et se gausser de la bêtise de cette assemblée.


Plus la scène progresse, plus il y a notion de mouvement donc d'action, plus les mentalités se mettent à changer prennent la voie d'une sorte de positivisme. C'est alors que l'on prend soi même conscience de la puissance évocatrice du discours que tient le maître. On assiste bouche bée à une scène remarquable, montrant notre défunt héros sur une balançoire d'enfant chantant un air triste.


L’œuvre peut se conclure sur une note positive et progressiste. Remarquable en tout point, la réalisation du grand Kurosawa est d'une maîtrise totale.


Ce film est un immense hymne à la vie qui parle de la mort. La notion de morale chère au maître est ici plus présente que jamais, mais jamais pesante et réprobatrice. Elle cherche simplement à faire prendre conscience des choses. Ici, l'action individuelle au service de la société.
Humanisme quand tu le tiens.

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le 8 juil. 2015

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