Le film de Johnny Ma est un hommage appuyé à l'opéra de Sichuan, voisin de celui de Pékin, avec davantage de chant. Une tradition culturelle qui perd de plus en plus de terrain et semble vouer à devenir opéra fantôme. Tout ce qui est documentaire dans Vivre et chanter est intéressant à suivre ce qui est moins le cas de l'aspect fictionnel que le réalisateur a tenté de sublimer en donnant quelques couleurs baroques à son intrigue dans une opposition systématique entre la Chine ancienne et la nouvelle qui se construit, si l'on ose dire, par les destructions des vieux bâtiments. On voit bien où veut en venir Ma mais son film a le tort d'arriver après de nombreuses productions chinoises qui ont peu ou prou traité ce sujet de l'éradication d'une culture traditionnelle au profit du tourisme et de valeurs bien plus commerciales. Vivre et chanter n'a pas le souffle des grands films de Jia Zhangke ni la verve poétique de certains autres longs-métrages chinois récents. En esthétisant les destructions d'immeubles, le film court-circuite d'ailleurs maladroitement ses intentions.