Pourquoi VIVRE ET LAISSER MOURIR ne ressemble pas à un "James Bond" ?

Troisième Bond en trois films ! Lazenby en 1969, Connery en 1971 et Moore en 1973 (une première). Cela faisait longtemps qu'il était sur les rangs, mais son contrat avec la production du Saint ne lui a pas permis de reprendre le rôle en 1969 pour Au service secret de Sa Majesté... et c'est heureux.

Roger Moore est totalement différent de Connery et Lazenby. Son physique de minet propre-sur-lui ne lui donne pas la même crédibilité dans des scènes de violence par exemple ("Quand je déclarais : je vais vous tuer, on aurait dit que j'invitais les gens à prendre un verre au bar." - Roger Moore). Il a donc adapté le personnage à sa personnalité. Et comme Guy Hamilton est sur la même longueur d'ondes depuis Les Diamants sont éternels où l'humour était plus direct, mais qui ne fonctionnait pas du tout avec Sean Connery, c'est désormais le style qui sera utilisé et qui perdra une partie du public habituel pour en trouver un nouveau.

Le Bond "nouvelle version" reste toutefois à construire. Et on sent que Moore n'est pas encore dans le personnage. On a d'ailleurs trop souvent l'impression de voir Simon Templar en action et non pas James Bond. Et si on regarde le film en version française, c'est à Lord Brett Sinclair que l'on pense, tant le style du doublage ressemble s'y méprendre à celui d'Amicalement vôtre (accentué parfois par la musique de George Martin - cf. scène de la boutique vaudou à New York). On se demande même parfois où est Danny Wilde. Le film est d'ailleurs plus sympa en français (cf. dialogues... "Une aspirine vous suce la roue").

Pour le reste, Vivre et laisser mourir est assez bancal. Les décors sont faiblards et le rythme plutôt tranquille. On a plus l'impression de regarder un épisode de série tévé qu'une grosse production cinématographique. Le meilleur passage étant tout de même celui de la longue poursuite dans le bayou de Louisiane (12mn) introduisant le sheriff J.W. Pepper qui fit tellement plaisir au public étasunien qu'il fut - malheureusement - inséré dans le film suivant (il feront la même erreur par la suite avec Requin de L'Espion qui m'aimait replacé dans Moonraker).

L'histoire souffre non seulement des faiblesses dues à la première de Roger Moore, mais aussi à des choix idiots : le jeu de cartes dont les dos sont marqués au chiffre de 007, l'explosion de Kananga, les crétineries vaudou mal mises en scène, et très à la mode à l'époque, ou encore Bond qui fait du morse avec une brosse, on ne sait pourquoi (on n'arrive même pas à se convaincre qu'il envoie un message à quelqu'un (qui donc ?), c'est juste là pour "faire James Bond"). De plus, il passe son temps à prendre Rosie pour une débile. C'est vraiment le "colon anglais" dans toute sa splendeur.

On ne retiendra donc de ce film que la poursuite en bateaux/autos, "Live and Let Die" de Paul McCartney et la musique - très réussie - de George Martin car, pour la première fois depuis 1963 en effet, John Barry manque à l'appel. Il reviendra pour le film suivant, mais pas plus inspiré que le reste de l'équipe.

Muffinman
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le 1 déc. 2024

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