Voilà typiquement l'épisode bondien qui offre du matériau en or massif pour les parodieurs en herbe. Même s'il me reste pas mal de 007 à découvrir, je pense que la série a rarement approché l'esprit nanar avec autant de désinvolture que dans ce Live and Let Die.
La première chose qui frappe, c'est à quel point James Bond est devenu un putain d'amateur. Non seulement le gars ne branle plus rien et fait passer la baise avant son boulot, mais il s'amuse également à tomber dans absolument tous les pièges, même les plus grossiers, tendus par des ennemis forcément hilares qui se foutent continuellement de sa gueule. Je tire mon chapeau à l'architecte du bar de La Nouvelle Orléans notamment : il fallait un sacré pif pour piéger exactement la bonne table où Bond choisirait de s'assoir, ou à moins qu'il n'ait piégé toutes les tables dans le doute, bon bref en tous cas il s'est bien fait chier. Donc pour en revenir à Bond, on dirait que tout est fait pour qu'on n'éprouve aucune sympathie pour cet empaffé qui débarque tout frais l'air de rien dans un tripot de Harlem et se tire avec une chance de cocu de toutes les situations tordues imaginées par le scénariste.
Et encore Bond n'est pas le seul à faire tâche. Les femmes sont de candides cruches, et les ennemis ne manquent pas une occasion d'encastrer leurs véhicules de façon improbable au moindre obstacle venu. Ou de crever de façon bien ridicule, comme le Baron Samedi qui succombe visiblement avec moult convulsions cocasses à une malheureuse allergie aux serpents, tandis que Kananga... tandis que Kananga... (soupir)...eh ben son épitaphe doit sans doute être une très bonne blague.
Mais c'est aussi pour ça que Vivre et Laisser Mourir se laisse suivre, parce qu'il en devient absolument hilarant avec ses combats pitoyables et ses cascades navrantes, comme tout bon nanar qui se respecte. Un nanar à 7 millions de dollars quand même (soit 40 millions avec l'inflation...). D'un côté tant mieux parce que ça change et que le film a malgré tout le mérite d'explorer des voies originales (le vaudou et autres superstitions), d'un autre côté tant pis parce que le sublime générique promettait bien plus.