Basé sur des témoignages de "filles publiques", "Vivre sa vie", par la curieuse mise à distance par Godard des faits qu'il décrit, par son un style faussement documentaire et l'emploi de plans séquences, s'éloigne notablement du cinéma "terroriste" pratiqué à l'époque par notre cher génie.
C'est que Godard travaille déjà dans l'écart entre parole et image, le son ne recouvrant pas forcément l'image (voir la scène où Anna Karina vendant ses charmes dans son hôtel est montrée sans paroles, avec en fond sonore le texte du code civil concernant la prostitution), que dans un monde où l'harmonie des mots et de l'image est brisée et travestie par de faux accords (les idéologies), il s'agit avant tout pour l'Art d'explorer un tel écart.
Mais le charme de "Vivre sa Vie" vient aussi et avant tout d'Anna Karina, radieuse égérie du cinéma godardien...
[Critique écrite en 1989]