Je serais bien incapable de savoir comment ce film a pu passer inaperçu aux yeux des critiques et des professionnels ; mauvaise date de sortie ? volonté de voir un Fast & Furious-like ? Je ne sais pas, et c'est bien dommage pour ceux qui ont raté ce qui est à mes yeux le meilleur premier film français vu depuis longtemps.
Ne prenant jamais pour parti de juger le tuning, le réalisateur se place du côté du regard d'Alex, jeune passionné par cette discipline, et donc sa voiture, au point de délaisser sa copine et leur petite fille.
Quand soudain, un accident va provoquer en lui un déclic et la culpabilité d'avoir tué un jeune homme (alors que ce dernier a sauté et est tombé sur le pare-brises, le tuant sur le coup) tout en prenant la fuite. Et quelque part, ça va le transformer.
Le film contient deux des espoirs du cinéma français, Johann Libéreau (qu'on avait vu dans Les témoins), et Christa Théret (dans son premier rôle adulte, elle est épatante), et l'excellente Isabelle Candelier, qui joue la maman du défunt, avec il va se passer des choses.
Quelque part, ce film est une métaphore de l'immaturité du garçon qui, à vingt ans, passe son temps à jouer à des jeux de voiture, à s'éclater avec ses potes au lieu de rester avec sa copine et sa fille. C'est à la fois un échappatoire à sa vie morne, pourrait-on dire.
C'est d'ailleurs frappant qu'il ignore presque sa fille, et que le seul moment d'intimité avec sa copine est quand il la baise (il n'y a pas d'autres mots), après avoir rencontré ses potes du tuning.
Visiblement passionné par le tuning (comme le montre son court-métrage, présent dans le dvd, qui montre les bases de ce film-là), Christophe Sahr montre la voiture d'Alex comme une extension de lui-même, où il joue avec sa voiture dans un Gran Turismo, où le fait de la toucher le rend fou, et quand elle sera amochée, elle représente quelque part son âme tourmentée de sa responsabilité envers cet accident. On pense parfois à du Carpenter, Christine en particulier, car la musique, faite essentiellement de nappes sonores, y fait penser.
J'ai peu de réserves à faire sur ce film, qui est formidable de bout en bout, et qui, avec peu de moyens, crée une ambiance, un malaise palpable, et dont la fin m'a touché, car c'est là où Alex s'ouvre enfin à son vrai amour.