Une rébellion, mais pas de révolution
Voilà un film à l'aspect vraiment fourre-tout, parce qu'il ambitionne de traverser de nombreux thèmes très différents : décroissance et autosuffisance, mais aussi et surtout capitalisme, libéralisme, lutte des classes, et le sens du travail.
Si on ne juge pas le mouvement décroissant en lui-même, mais bien le documentaire, il faut disséquer le travail de Pierre Carles : « Volem rien foutre al païs » est la suite directe de « Attention danger travail », pour construire une jolie dissertation en trois temps, faits-causes-conséquences :
1. Faits : de plus en plus de gens se détournent du marché du travail.
2. Causes : des inégalités toujours croissantes, un capitalisme exacerbé, et un travail vu comme toujours plus abrutissant.
3. Conséquences : pour certains, le rejet du capitalisme va jusqu'à une réappropriation originale des moyens de production : il s'agit de produire soi-même sa nourriture, de recycler ses déchets, de générer sa propre électricité ... bref, d'être autosuffisant. C'est ce dernier point qui aurait dû être le coeur de ce deuxième film, mais qui n'en constitue que quelques passages éparpillés.
Le raisonnement de Pierre Carles est original puisqu'il tente de faire un pont entre la lutte des classes et les communautés écolo autonomes et décroissantes. Dommage que le documentaire reste d'une part très fouillis, d'autre part très complaisant : les nouveaux écolos ne sont pas mis face à leurs contradictions, notamment autour de leurs actions de vol, leur individualisme féroce, et leurs penchants très conservateurs.
Parce qu'après tout, un « autonome » qui se glorifie de sa propriété privée en paille toute bio, qui doit voler au Bricorama des perceuses pour retaper ses toilettes sèches, et qui se paye son indépendance grâce à la perfusion sociale du RMI ... ne serait-ce pas un escroc ?