Le cercle des fantômes féminins
On a souvent loué l'esthétique d'Almodovar qui a pu parfois atteindre des sommets de grandiloquence dans ses précédents films tant l'homme semblait masquer le peu de fond scénaristique dans la forme artistique. Ici, on a toujours cette esthétique si chère à l'espagnol : des couleurs vives, une superbe photographie, un mélange subtil entre kitsch et moderne.
Cependant, la force de ce film réside dans son propos : un superbe mélodrame teinté de fantastique qui nous fait vivre le destin de plusieurs femmes, liées les unes aux autres par liens familiaux et amicaux. D'une intensité émotionnelle rare, Almodovar affuble son récit de poésie et d'humour noirs qui en font un objet cinématographie hors des codes et du temps.
Doté d'une galerie de personnages féminins tous plus attachants les uns que les autres (parfois aussi très décalés), le film parcoure une liste de thèmes universels magnifiquement mis en images : la vie, la mort, la peur, l'amour, la haine.
Almodovar nous offre une véritable plongée dans les difficultés de la vie quotidienne de femmes issues des classes populaires avec ce qu'il faut de rebondissements, de fantaisie et d'humour pour échapper à l'analyse sociologique dans laquelle d'autres réalisateurs moins inspirés auraient pu tomber.
On pourrait tout dire ou presque sur ce film mais seule une affirmation me parait importante : regardez et admirez ce film vital et vitalisant malgré le propos quelque peu sombre. Mais comme disait Victor Hugo : "Le sombre accepte l'idée de grandeur".