La lente descente vers l'absence

[Retour après la projection cannoise en 2021]


Il est presque minuit, la salle est pleine et l’ambiance est électrique. Le dernier Gaspar Noé réunissant Alex Lutz mais surtout Dario Argento et Françoise Lebrun, deux figures emblématiques du cinéma, déjoue les attentes. En retraçant les derniers jours d’un couple vieillissant, il garde la même immersion totale exposant le problème urgent de la fin de vie. Par le parti pris du split-screen, repris de son précédent métrage, et d’une caméra suivant leurs faits et gestes, il forme l’envers lancinant de son Lux Aeterna. Car c’est le calme diffus d’un destin inévitable qu’il vient chercher plutôt que le chaos d’un plateau de tournage ou la frénésie d’une soirée (Climax).


Son cinéma a rarement été aussi en retrait, il va jusqu'à radicalement modifier sa manière de mettre en scène la mort, loin des expériences traumatisantes d’Irréversible ou Enter the void. Au contraire, il exploite sa recherche cinématographique dans un calme glaçant montrant le vertige de notre propre finitude. Marquant la rétine par quelques plans fixes rappelant les lieux qui nous ont constitués et qui continueront d’exister sans nous, Vortex laisse pantois.


Les larmes aux yeux, la lumière se rallume dans la salle sur des visages bouleversés. Un sentiment post-projection commun aux spectateurs et à l’équipe se forme alors : celui d’avoir assisté à un moment de compassion unique au sein même du festival.

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le 26 avr. 2022

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JolanF

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