Dans un appartement parisien, un couple de personnes âgées, lui critique de cinéma et elle psychanalyste atteinte de la maladie d'Alzheimer, vont vivre leurs derniers jours entourés de leurs souvenirs, et avec leur fils qui est comme impuissant face à leur déchéance.
Sorti presque en catimini, sûrement à cause de ses anciens scandales, j'avoue que le sujet ne m'attirait pas vraiment, car cela fait penser aussi à Amour, sorti dix ans plus tôt. Mais là, si on voit la mort arriver, c'est une renaissance artistique de la part de Gaspar Noé, qui signe sans doute son meilleur film depuis Irréversible. Dans une forme de dénuement artistique, où la seule musique qu'on entend est une chanson de Françoise Hardy, Mon amie la rose, le réalisateur filme ce couple, incarné par Françoise Lebrun et Dario Argento, qui sont visibles par un écran partagé par les deux personnes, qui change parfois de point de vue, en particulier lorsque vient leur fils joué par Alex Lutz.
Même si on parle beaucoup, et à juste titre, du rôle puissant et émouvant de Françoise Lebrun, difficile de ne pas être touché aussi par Dario Argento, qui joue pour la première fois un vrai rôle au cinéma, et qu'on voit aussi dans une faiblesse évidente, notamment à montrer son corps vieilli lorsqu'il va prendre sa douche, ou alors qu'il doit surveiller son cœur afin d'éviter un infarctus. En gros, c'est la vie presque banale de personnes âgées, qui refusent d'être pris en charge dans une institution, dans un appartement totalement en friche qui représente leurs souvenirs eux aussi mélangés, avec des livres empilés de partout.
Disons que, contrairement à Amour, j'ai presque ressenti de manière viscérale cette fin de vie, où toute la conclusion est comme un signe de nous ce qui nous attend tous, que notre vie soit belle ou non. Et voir ainsi défiler le temps de quelques secondes la vie d'un couple en photos où ils passent de jeunes à vieux a quelque chose de très fort.
Comme je le disais, je ne m'attendais pas à ça de la part de Gaspar Noé, qui raconte une histoire personnelle, sans fioritures, sans se cacher des difficultés, même s'il n'a pas pu parler de cinéma dans son film, avec toute une scène, un diner, où on voit les critiques Philippe Rouyer et Jean-Pierre Bouyxou parler de cinéma en compagnie de Dario Argento à propos d'un livre que ce dernier doit écrire, sur les rêves.
Même si le film peut être très difficile, d'autant plus qu'il fait plus de 2h20, c'est une expérience de cinéma qui ne laisse pas indifférent.