Claire simon et ses acteurs parviennent à faire traverser le temps à un échange impossible aujourd'hui. La crédulité d'une époque romantique qui ne voit pas la souffrance de cet homme est une occasion. Aucune peine, aucun étiquetage d'emprise ne vient interrompre le récit de Yann. Il nous raconte sa descente aux enfers et l'entendre parler de suicide résonne comme des cris à l'aide mais l'échange continu. Michèle Manceau ne s'insurge pas et creuse patiemment avec lui, profitant de son intelligence et de sa sensibilité extrême et nous avec elle.
Cette douce et terrible plongée est unique, elle nous fait comprendre le pacte faustien d'un amour qui glisse entre les griffes d'une perverse narcissique. Comment celle-ci utilise la culpabilité de l'homosexualité de Yann pour l'enfermer définitivement.
Aujourd'hui il ne reste guère de plaisir dans ce récit romantique. Seul surnage l'effroi de son nihilisme, et voir les extraits filmés d'une Margeurite Duras jouissant de son pouvoir sur Yann Andréa est glacant. En donnant vie à un document fou mais généreux ce film rend hommage à son héros en lui donnant son réel statut, celui de victime.