Quel feu d'artifice !
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Un film de Capra difficile à aimer. Si les scénarios de Riskin ne brillent pas toujours par leur subtilité, ici la caricature est tellement lourdingue qu'elle irrite plus qu'elle n'émeut.
La famille Vanderhof résiste à l'achat de sa maison, qui permettrait à l'affreux Kirby de réaliser une juteuse opération financière.
Evidemment, la fille Vanderhof et le fils Kirby sont amoureux, au grand désespoir des Kirby.
Les Vanderhof sont de doux dingues, chacun vivant on ne sait comment mais cultivant son violon d'Ingres à longueur de journée: peinture, écriture, fabrication de masques, philatélie, musique ou danse. Problème: ces personnages sont trop infantiles pour être sympathiques.
Le vieux Vanderhof lui dispense sa sagesse pontifiante, l'argent corrompt, il faut faire ce qu'il nous plaît, il ne veut pas payer d'impôts parce qu'il veut savoir ce qu'il en tire, c'est de l'anarchie au petit pied, le genre qui ne les empêche pas d'avoir un couple de domestiques (noirs évidemment, mais c'est juste la norme à l'époque).
La mère Kirby est imbuvable de snobisme, son mari se vante en prison dans une cellule bondée, d'être au-dessus de la racaille (contreplan sur la racaille, insultée mais digne). Bref, ils ne sont pas plus malins que les autres d'en face.
Même au tribunal, c'est le vieux Vanderhof qui cherche à sauver le père Kirby en inventant un bobard pour prendre sur lui la responsabilité d'une nuit agitée qui a conduit à leur arrestation.
On se désintéresse totalement de la fameuse histoire d'amour puisque finalement, ni Stewart ni Arthur ne sont les personnages principaux de cette ode à la solidarité et à l'humanisme face à la hideur du capitalisme sans coeur. Bien sûr, ce film vient après une décennie économique très éprouvante, il y avait de quoi vouloir présenter à un public marqué par ces événements des films qui lui permettaient de prendre sa revanche par procuration.
Conformément au canon des films sociaux de Capra (je n'ose appeler ce film une comédie, je n'ai pas souri une fois en deux heures), il y a une épiphanie qui permet le happy end, un père qui réalise qu'il tient à son fils et qui après que les augures lui auront fait entrevoir un avenir seul et sans soutien, tourne casaque et renonce à son projet immobilier enfin concrétisé.
La scène des deux pères réunis, le Vanderhof dispensant au Kirby son ultime conseil: "oh ben moi quand ça va pas, je joue de l'harmonica" est la cerise sur le gâteau: j'ai eu l'impression d'être pris pour un lapin de 6 semaines. Oui mais c'est un conte, objecterez-vous.
Sauf qu'il me paraît hautement manipulateur d'inscrire un film dans une certaine réalité économique et sociale pour finalement user de cet artifice pour faire passer la pillule de cette fin improbable.
Je dois toutefois reconnaître que ce n'est pas la première fois ni la dernière que Capra utilise le procédé (qu'il aurait dû faire breveter avec Riskin) mais qu'ici, je le trouve plus gênant que dans d'autres de ses films, tout simplement parce que j'ai trouvé leur développement plus réussi, de L'Homme de la Rue à Mr Deeds.
Bref, deuxième visionnage et deuxième fois que je suis loin d'être convaincu.
Créée
le 21 mars 2022
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