C’est avec Voyage à Tokyo que les français ont découvert pour la première fois, en 1978, Yasujirō Ozu. Considéré comme l’un des plus grand cinéaste nippon dans son pays, dès le début de sa carrière, ses films ne sont pas montrés à l’internationale, les japonais pensant qu’il est trop « japonais » pour l’Occident. Ce film rencontre un grand succès auprès des occidentaux et ouvre la porte à la découverte de la riche filmographie d’Ozu.
Voyage à Tokyo nous fait suivre un vieux couple japonais vivant dans une petite cité portuaire et se rendant à Tokyo pour visiter leurs enfants. Ils sont vite perçus comme un poids par leurs deux aînés qui n’ont pas le temps de s’occuper d’eux et qui rechignent aux dépenses financières occasionnées par leur séjour. L’attitude de leurs enfants, se fait d’autant plus sentir que leur belle-fille, jeune veuve de leur cadet, les accueille avec une chaleur cordiale dont sont dépourvus leurs propres enfants et même petits-enfants.
La caméra d’Ozu capte avec douceur ce couple encombrant à travers une mise en scène dépouillée. Tous deux prennent leurs enfants comme ils sont et se contentent ce qu’ils sont en capacité de leur donner. Les personnages d’Ozu ne sont pas des idéalistes.
A travers ce film, les occidentaux découvraient Ozu et sa réalisation typée, reconnaissable entre mille : ses plans fixes, filmés le plus souvent à hauteur de tatami, la prédominance du plan frontal captant les visages, le scénario très simple, l’intérêt et la tendresse d’Ozu pour ses personnages, les plans géométriques, la respiration qu’Ozu créé en filmant des natures mortes, une trouée de ciel ou un paysage.
À son âge, notre sœur a une vie, bien distincte de celle de ses parents. Elle n’est pas de mauvaise volonté. Ce qui compte pour chacun, c’est sa propre vie (…) tout le monde devient ainsi petit à petit.