C’est avec Voyage à Tokyo que les français ont découvert pour la première fois, en 1978, Yasujirō Ozu. Considéré comme l’un des plus grand cinéaste nippon dans son pays, dès le début de sa carrière, ses films ne sont pas montrés à l’internationale, les japonais pensant qu’il est trop « japonais » pour l’Occident. Ce film rencontre un grand succès auprès des occidentaux et ouvre la porte à la découverte de la riche filmographie d’Ozu.

Voyage à Tokyo nous fait suivre un vieux couple japonais vivant dans une petite cité portuaire et se rendant à Tokyo pour visiter leurs enfants. Ils sont vite perçus comme un poids par leurs deux aînés qui n’ont pas le temps de s’occuper d’eux et qui rechignent aux dépenses financières occasionnées par leur séjour. L’attitude de leurs enfants, se fait d’autant plus sentir que leur belle-fille, jeune veuve de leur cadet, les accueille avec une chaleur cordiale dont sont dépourvus leurs propres enfants et même petits-enfants.

La caméra d’Ozu capte avec douceur ce couple encombrant à travers une mise en scène dépouillée. Tous deux prennent leurs enfants comme ils sont et se contentent ce qu’ils sont en capacité de leur donner. Les personnages d’Ozu ne sont pas des idéalistes.

A travers ce film, les occidentaux découvraient Ozu et sa réalisation typée, reconnaissable entre mille : ses plans fixes, filmés le plus souvent à hauteur de tatami, la prédominance du plan frontal captant les visages, le scénario très simple, l’intérêt et la tendresse d’Ozu pour ses personnages, les plans géométriques, la respiration qu’Ozu créé en filmant des natures mortes, une trouée de ciel ou un paysage.

À son âge, notre sœur a une vie, bien distincte de celle de ses parents. Elle n’est pas de mauvaise volonté. Ce qui compte pour chacun, c’est sa propre vie (…) tout le monde devient ainsi petit à petit.

Créée

le 11 févr. 2024

Critique lue 58 fois

12 j'aime

5 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 58 fois

12
5

D'autres avis sur Voyage à Tokyo

Voyage à Tokyo
Artobal
9

Le temps de Mémé est le temps de mourir

Le cinéma d’Ozu requiert de la patience et sans doute le renoncement, de la part du spectateur, à quelque espoir de divertissement. Pourtant ce cinéma est tout sauf austère et ennuyeux. C’est un...

le 8 févr. 2014

98 j'aime

12

Voyage à Tokyo
drélium
9

On se bouge les vieux !

Ce qui explique une nouvelle fois pourquoi j'ai tant de mal à me lancer dans les Ozu (même symptôme pour d'autres...). J'ai regardé l'horloge je ne sais combien de fois la première heure (pour...

le 22 janv. 2012

84 j'aime

6

Voyage à Tokyo
Dimitricycle
10

Si t'aimes pas le saké, Yasujiro de grenadine...

"Voyage à Tokyo" fait partie d'une poignée de films dont on peut décemment dire qu'ils sont parfaits. De tous les adjectifs qualificatifs qui me vinrent à l'esprit lorsque j'enlevai le DVD du...

le 15 avr. 2011

80 j'aime

28

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

63 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

52 j'aime

14

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

34 j'aime

22