L'Extravagant voyage à Tokyo de vieux et prodigieux retraités !
Contrairement à ce que ma note pourrait laisser penser, je comprend tout à fait la démarche d'Ozu, et le parti-prix qu'elle implique, seulement je ne la cautionne pas. Bien avant de m'attaquer à ce classique, j'étais prévenu et renseigné, pourtant ça ne passe pas pour moi, même avec du recul.
Cette démarche presque naturaliste, quasi-théâtrale, c'est la volonté de simplicité et d'anti-spectaculaire pour illustrer le plus fidèlement possible la beauté de l'existence. Le dépouillement technique est total, le dépouillement scénique est total. Ozu se contente de construire son film avec un assemblage de saynètes de la vie quotidienne. Sans trop se fouler, il a posé sa caméra sur le sol. Elle restera fixe tout le long, et enchaînera les gros plans sur ses personnages, qui débitent sagement leurs textes. En partant de cette considération, je ne m'attendais tout de même pas à voir évoluer des acteurs sous tranquilisants.
Ca aurait pû me convaincre s'il y avait eu des dialogues passionnants, le développement d'une psychologie par exemple, ou alors la présence de n'importe quel élément susceptible d'éveiller mon intérêt, mais malheuresement il n'en fut rien. L'ensemble reste terriblement froid, terriblement plat. L'idée est de démontrer à travers le voyage d'un couple de retraités rendant visite à ses enfants, et ses petits-enfants, comment la cellule familiale s'est désintégrée au Japon. Faire ressentir la vieillesse, l'éloignement, la tristesse, sauf que cette intention me semble impossible sans une quelconque substance.
Selon moi, une oeuvre ne peut être exempt de style, ne peut être exempt d'architecture dramatique. Ici c'est ce cas de figure, et ça produit sur moi l'effet inverse de l'effet recherché, puisque ça m'évoque d'avantage une vision inhumaine de l'humain et une vision réductrice de l'art. En effet, je ne pense pas que la vie se résume à de vieux asiats', qui mangent du riz, boivent du saké, ou encore se déversent d'affreuses banalités, tranquillement assis sur un tatami, avec toujours la même bouille sur le visage quelle que soit la situation en cours. Certes, cet argument, est facile mais ce visionnage m'a laissé perplexe.
On m'avait promis une universalité certaine, alors que je n'y ai vu qu'un long métrage complètement ancré dans la culture japonaise, qui plus est une culture que je trouve personnellement horripilante. Une société très conservatrice : la soumission de la femme au foyer, le mari dominant, la politesse maladive, l'éducation stricte ... Soyons clair, je ne me permets pas de constester son statut de "classique d'importance du cinéma".
Par contre, je ne comprends absolument pas qu'ils soient considérés comme l'un des plus grands films de tous les temps. De mon point de vue, l'art cinématographique constitue des moments plus forts, des moments plus marquants que cela. Le cinéma c'est des moments inoubliables. Heuresement que certains auteurs ont mieux à m'offrir que ces 2 heures denuées d'émotions.
PS : Dans le même style, j'ai trouvé "L'Ile Nue" excellent. Il y a une inventivité visuelle et sonore, qui le rend beaucoup plus puissant. Les volontés sont les mêmes, et pourtant, il est remplie d'émotions, et créer une expérience inoubliable. Comme quoi, c'est possible.