Le Japon a changé. Les vieux n'ont pas de place. Les vieux cherchent tout de même à finir heureux leur vie. Ils sont heureux de voir Tokyo, pour un dernier voyage. Ils sont un peu triste du devenir de leurs enfants ; morts à la guerre, occupés, ou peu exigeants. Ils parlent peu, " ou alors seulement, parfois, du bout des yeux ". On les expédie dans une station thermale, un peu, par mauvaise foi, pour s'en débarasser. Mais ça leur plaît. Ils voient la mer. Ozu filme la mer, comme Taniguchi la dessine, comme Braque la peignait, comme Prévert l'écrit. Ozu, dans ce film qui est la quintessence de son style réaliste, semble avoir quelque chose à " dire ", grossièrement, au sein d'un Japon pris entre la tradition et la modernisation. Les plans sont fixes, gratuits, et contemplatifs, certaines images font office de virgules cinématographiques entre les rares plans de dialogues. Les usines côtoient les plages. Les trains côtoient la mer. Les traditions religieuses côtoient le travail, et les chambres confortables des enfants côtoient les manuels d'anglais. Le film est une captation d'un Japon qui voyage et s'en va, pendant deux heures que tout le monde trouvera très longues, même en appréciant l'inactivité et la contemplation infiniment poétique.
Un film qui donne envie de vivre. Un film qui ne fait rien d'autre que, comme l'ultime film du maître Miyazaki, montrer que le vent se lève. Il film qui fait partir. Il film qui amène les petits vieux heureux mourir sur la montagne.
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