J'aime le cinéma de Tavernier tout autant que j'aime le réalisateur et l'homme... Le premier film que j'ai vu fut "Que la fête commence" c'était un soir à la maison. J'étais impressionné de voir traiter cet épisode de l'histoire si méconnu avec une belle crédibilité, mais surtout la manière d'appréhender la fin d'une époque en faisant vivre ses personnages, nous les rendant presque attachants malgré les circonstances.
Il ne m'a jamais vraiment quitté... à l'écran bien sur, mais aussi par ses nombreuses interventions, livres, articles, interviews, documentaires... Volker Schlöndorff dans la préface de "Bertrand Tavernier, cinéaste de l'émotion" commençait son texte en disant "A déjeuner avec Bertrand Tavernier, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Il a plein d'histoire à raconter, de mots à rapporter, de films à narrer ; il s'emballe, il s'esclaffe, toujours drôle et jamais méchant". Ce qu'il aurait pu évoquer également, c'est ce rire hors du commun, venant ponctuer un pique vacharde ou quelque incongruité.
Tavernier c'est un tout ! En 1984 pour la sortie de "Un dimanche à la campagne", France culture lui avait donné antenne blanche. Presque 6 heures où Tavernier se racontait, mieux encore racontait le milieu. Pas d'infos "Closer", non mais un foultitude d'anecdotes, d'informations de détails captivants. Je garde précieusement ces bandes. De ses conseils, ses emportements, ses émerveillements, j'ai découvert tout un aspect du cinéma que je réfutais jusque-là...
Je me faisais donc une joie à découvrir ce documentaire fleuve. Et je ne suis pas déçu ! Ce grand amoureux du 7ème art, ce passionné de musique nous livre un florilège de ses émotions passées, de personnalités qui lui sont ou furent chères. C'est une revue de détails pleine d'admiration et d'émotions pour des films, des hommes ou des moments gravés dans sa mémoire de cinéphile. Malgré une durée exceptionnelle, "Voyage à travers le cinéma français" est loin d'être un long film tranquille et ennuyeux, il devient une espèce de Vade Mecum incontournable puissamment orchestré !
A titre plus personnel, c'est aussi comme si je renouais une discussion avec mon père féru du 7ème art et parti trop tôt... lui aussi quand il parlait de cinéma avait plein d'histoire à raconter, de mots à rapporter, de films à narrer. Lui aussi s'emballait, s'esclaffait, il avait le même sens de l'analyse... le même sens du détail et surtout surtout cette même passion communicative !