Sur une veine toujours sensible et profondément fantaisiste, Bruno Podalydès propose une comédie humaine drôle et riche, revitalisante et joyeuse.
Deux agents immobiliers( Karin Viard formidable et Bruno Podalydès touchant) se partagent les visites de biens entre Bougival et Louveciennes. Chacun incarne un personnage bien à lui, dans son monde et cependant s’offrant parfaitement à l’identification.
Karin Viard vient de perdre son mari et tout en veillant à faire son métier avec professionnalisme et rigueur, il lui arrive de perdre un peu pied ou de vriller pendant les visites. De même Bruno Podalydès toujours lunaire et déphasé habite un personnage à l’image de son film: excessivement attachant, drôle par gaucherie feinte, émouvant, fin et spirituel.
Wahou a l’art et la manière de fignoler des situations cocasses, pleines d’esprit et de coq à l’âne. Les comédiens tous excellents se glissent avec souplesse et complicité dans cette fantaisie nostalgique, décalée, peinture de l’âme humaine déboussolée et éperdue.
La gaieté du film et ses qualités humaines composent une palette de personnages épinglés avec un regard perspicace, discret, doux et juste, de funambule des choses.
Toutes les scènes pourraient avoir valeur de sketches ou de séances d'analyse dans un cabinet de passage, improvisées dans chaque entrée de maison à vendre? Que se passe-t-il entre un acheteur et son conseiller immobilier? Ne se trament-ils pas des rapports aussi sûrs et intimes qu’entre un analysant et son analyste?
Que se joue-t-il lorsqu’on met en vente un bien dans lequel on habite depuis 40 ans?
Le couple formidable ici formé par Sabine Azema (incroyable) et Eddy Mitchell( savoureux et grand dans le dérisoire et la mémoire de sa propre légende )qui veut vendre et ne veut pas partir, crée la nervure la plus fébrile et donne lieu à la scène intimiste la plus forte de ce Wahou.
Ce film se voit le sourire aux lèvres, la joie au coeur, il redonne du peps à l'humain, à notre manière de nous sentir plus vivants.