ce film a une des plus belles scènes que j'ai jamais vu : dans la scène finale, le mec sort devant l'hôtel pour faire un truc, puis en fait c'est annulé alors il se fume une clope, de là il croise sa fille avec qui ils discutent un peu, puis il continue sa clope, ça dure plusieurs minutes, et pendant tout le temps de le scène on voit progressivement la lumière du jour se noircir complètement comme quand une énorme averse s'annonce. Et c'est sublime parce que c'est permis uniquement par le dispositif d'Hong Sang-Soo qui filme en lumière naturelle, avec un rythme lent, peu de montage, en laissant de la place au naturel et à l'improvisation, et d'ailleurs le mec dans la scène, avant que la lumière devienne aussi terne, notifie qu'il va peut-être se mettre à pleuvoir. Aucun film qui aurait voulu représenter cette atmosphère-là, cette lumière, cette imminence de la pluie, de l'orage, n'aurait pu le faire si bien. Ca ne peut exister que par la conception unique de la réalisation d'HSS, et ça crée un moment de vérité très touchant
des fois je trouve ça quasiment miraculeux que chaque film d'Hong Sangsoo continue à marcher sur moi
comme à peu près à chaque fois, le calme, la naturel du jeu (sans doute avec de l'improvisation), la vérité tellement banale et simple des dialogues, le dénuement du dispositif et du scénario, font que tout prend beaucoup plus d'ampleur. en fait c'est un cinéma qui fait de la place au spectateur
quand on nous envoie cent éléments par scène, musique, dialogues, jeu, effets spéciaux, rebondissements du scénario, décors, costumes, rythme ; on n'a pas le temps ni l'espace de se laisser prendre par ce qu'on voit
ici c'est tout l'inverse, chaque parole, chaque émotion peut prendre de l'élan et frapper d'autant plus. ou parfois pas du tout, et c'est très bien aussi, c'est comme dans la vie