Les petites frappes de la rue ont souvent pour modèle Tony Montana. Les petits branleurs d'écoles de commerce, eux c'est Gordon Gekko ! La fascination du méchant ultime, celui qui se prend plus d'année taules pour un délit d'initié qu'une boucherie dans une douche à la tronçonneuse. On est dans la cour des grands ici. Gordon ne propose pas aux jeunes golden boy qui ont la rage, un salaire de 300.000$ par an, un appart dans l'Upper West Side et un voyage en première classe, non ici c'est 300.000$ par jour, un penthouse dans l'Upper East et son propre jet. Nous sommes en 1985. Année Reagan, ultra-capitaliste, soif de possession et de billets verts. Oliver Stone va faire de Wall Street un film incroyablement prémonitoire, puisque réalisé en 1986 et sorti quelques jours seulement dans les salles après le crash boursier d'octobre 1987. Ces yuppies fauchés par un système qui ne semblait pas si fiable finalement. Les pauvres !
Oliver Stone le prédit et le met en exergue au travers du formidable speech de Michael Douglas qui lui vaudra un Oscar. Une récompense certes pour sa performance 5 étoiles mais surtout pour le fond. Première fois qu'on reconnait que l'avidité fait du bien car l'Amérique repose sur un tel concept. Sous une tonne d'applaudissements, cette scène en met plein la vue et résume à elle seule cette époque. Une époque plutôt bien capturé avec le jeune gominé Charlie Sheen, cliché toutefois par moment, une bande-son kitsh, des artifices dépassés et un traitement d'image so eighties. Le reste du casting n'est pas en reste avec le rôle du père véritablement joué par Martin Sheen. Génial !
On regrettera peut-être un retournement de situation facile et une morale un peu naïve, comme si un jeune et prometteur financier comme Bud Fox avait quelque chose à foutre de virer 6.000 ouvriers pour une rangée de billets verts, préférant la taule et un esprit tranquille. Une happy-end morale en plein Wall Street... possible ? Vraiment ? Sacré Oliver, toujours le mot pour rire.