Interprété,coproduit et co-scénarisé par John Cusack,cet inédit dans les salles françaises est une bonne surprise.Hauser est un ex-agent top niveau de la CIA reconverti en tueur à gages pour le compte d'une firme commerciale multinationale qui ne recule devant rien pour favoriser son expansion.Il est envoyé en mission dans un pays du Moyen-Orient,officiellement afin d'y organiser un salon à la gloire des produits "Made in USA",mais avec pour but réel d'éliminer un politicien local en pleine ascension qui risque,s'il arrive au pouvoir,de gêner l'implantation de la société dans la région.Mais Hauser,derrière sa façade implacable,est un homme angoissé et torturé par son passé et la perte de sa femme,assassinée,et de sa fille,kidnappée et dont il n'a jamais su ce qu'elle était devenue.Et voilà que ce double manque est sur le point d'être comblé par les rencontres qu'il fait avec une journaliste gauchiste fouille-merde dont il tombe amoureux et une jeune pop star orientale pour laquelle il se met à éprouver une affection paternelle.Mais ces préoccupations sentimentales le détournent de son travail,ce qui n'est pas du goût de ses employeurs.Le gros défaut de "War Inc." est d'avoir choisi le ton de la comédie burlesque,qui parfois fonctionne mais la plupart du temps nuit par ses excès à la densité et à la crédibilité de l'histoire, désamorçant ainsi en grande partie la démonstration.Ce qui est dommage car le film dénonce avec une ironie cinglante et une virulence extrême la politique étrangère américaine et les révoltants intérêts privés qui la guident.Et tout est décrit sans ambages:banalisation des attentats,villes bombardées en ruines,massacres de civils,absence de fiabilité des frappes chirurgicales,folie de soldats américains,souvent drogués,perdus au milieu de combats confus et incontrôlables,propagande mensongère relayée par des médias aux ordres,guerres déclenchées à l'aide de faux prétextes,utilisation dévoyée de la notion de démocratie,manipulation de masse des opinions occidentales,toute-puissance de la technologie,abrutissement de populations locales écartelées entre sauvagerie arriérée et attirance pour une sous-culture yankee dont les icônes les fascinent,omniprésence de la société du spectacle,voir la préparation de la vidéo de l'exécution de l'otage,mercantilisme envahissant,comme dans la scène hilarante de l'attaque des tanks couverts de panneaux publicitaires,ficelles tirées dans l'ombre par des nébuleuses où se côtoient politiciens véreux,pléonasme,et agents secrets bellicistes,au service d'industriels capitalistes obsédés par le profit.Ce portrait sans fard d'un monde terrifiant ayant l'argent pour seule valeur fait froid dans le dos malgré l'ambiance rigolarde qui préside à l'affaire.Si les seconds rôles en font un peu trop,John Cusack campe avec aisance et autorité un personnage en plein basculement mental,et ses dames de coeur ne sont pas en reste.L'adorable Marisa Tomei incarne avec justesse une reporter de charme et Hilary Duff excelle autant dans sa prestation d'actrice que de chanteuse,d'ailleurs elle mène les deux carrières de front.La bande-son est fameuse,et on peut notamment y entendre plusieurs titres de Joe Strummer.A noter que le nom de la firme incriminée,Tamerlane,n'est pas innocent,Tamerlan étant un chef de guerre ayant conquis l'Orient au 14e siècle.