On sentait déjà dans The Guard et (même) dans Calvary, ses deux premiers longs-métrages, la propension — que dis-je… l’addiction — de John Michael McDonagh à la déconnade outrancière servie sauce golliwog.
Cette fois, le pauvre garçon se noie dans ses infects sables mouvant(s), dans cette mélasse engluant et avalant le Beau — oui, avec majuscule, Ducon.
À force de vouloir parader à coups de tirades — plutôt que de s’attacher à raconter une histoire —, McDonagh se contente de coller entre elles des scénettes, des sketches (toujours très dialogués, par définition ; c’est son truc).
Avec, tant qu’à faire, des clins d’œil, des renvois, de la citation, de l’autophilie…
Il n’y a pas Brandon Gleeson dans ce troisième opus ?
Qu’à cela ne tienne… :
The Guard :
— Oh. Whereabouts in Wisconsin?
— Kenosha. Kenosha, Wisconsin.
War on Everyone :
— So where did Jimmy-boy say he was going?
— Kenosha. Kenosha, Wisconsin.
— Kenosha*, Wisconsin?
— Mmm-hmm.
L’afficionado et/ou l’hypermnésique a les bonbons léchés (désolé, les filles, faut lâcher le shoping bag).
C’e$t tout bon.
He called me a wetback! He knows damn well I was born here! He's a big, fat, racist pig is what he is!
Quand un film est pensé et travaillé par des per$onne$ pas totalement cintrées mais dont le projet profe$$ionnel du moment est d'ajouter de la laideur à un monde — pas que cinématographique — déjà vaincu par elle...
War Machin est une longue démonstration de fun fucking cool et de cool fucking fun, avec bien entendu des plages prétendument sérieuses (drame, romance...) : afin de flatter le crétin, lui faire croire que son abrutissement n'est pas total...
Un tel projet, s'il était réussi, serait déjà discutable...
... mais là, c'est de surcroît la foirade totale !
Rien ne fonctionne, notamment cet humour compulsionnel, lassant, supposément décalé, colonne vertébrale de cette saloperie... myélopathique.
Sur ce coup-là, Tarantino, en comparaison de McDonagh, c'est Billy Wilder.
* Kenosha est le lieu de naissance… d’Orson Welles.