Le Transformers russe
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Encore une belle production d’une Russie qui aime la guerre & offrant avec War Zone un exemple glorieux de conflit fictif rondement mené. Du moins, c’est l’illusion que Fayzyev tient à entretenir, car la deuxième guerre d’Ossétie du Sud, telle qu’on la connaît en France (ou pas), est une période bien réelle, & cela change beaucoup de choses de le savoir.
Rien n’enlèvera toutefois au film le fait qu’il touche à cinq genres en une demi-heure : science-fiction, comédie dramatique, comédie absurde, drame familial & finalement film de guerre, c’est un foisonnement créatif densément entretenu par une image composée avec une artillerie graphique clairement indécente ; cependant le résultat est là, avec pour seul impair à ce stade de substituer trop longtemps l’imagination d’un petit garçon à une figure maternelle qui se démène & pour qui tout finit par être injuste – une supplétion pas très humaine que l’actrice n’était pas du tout prête à gérer.
Car la machinerie cinématographique russe, si elle tient à montrer qu’elle est capable de sentiment derrière plus d’un siècle à maintenir l’illusion contraire, sait aussi l’écraser sous le roulement oppressant des acteurs où, à la manière de L’Éclair Noir, c’est la manière de présenter le propos qui se met à primer sur ce dernier.
On sortira indemne de ces atteintes pendant plus d’une heure grâce à la très haute interactivité des rebondissements puis des combats, où le rôle des militaires lié au destin des civils bénéficie grandement de la suspension d’incrédulité – c’est sensationnaliste, mais ça tient le coup. Pendant ce temps, le jeu d’acteurs a une place petite : il tient dans une petite boîte de mimiques & d’interjections bien lancées qui sont un strict minimum superbement exploité sur la durée.
L’heure suivante s’emploiera à lentement revenir sur ses pas pour défaire de grands espoirs sans trop endommager son inventivité, mais en laissant beaucoup suinter l’enjeu artificialisé d’une guerre qu’il ne contribue pas à faire connaître pour sa réalité – & c’est un euphémisme. On croirait que Fayzyev a essayé, en sous-texte, de faire un Godzilla slave où le monstre imaginaire (qu’on n’essaye pas de caler dans la vérité autrement que par une large gamme d’effets spéciaux) représente la guerre plutôt que la bombe. Raté.
Tout ce qui nous avait fait croire à un melting pot capable de nous faire voir la guerre comme à la fois absurde (dans ce monde tout à fait contemporain & méconnu qu’est l’Ossétie) & inéluctable, tout ce qui donnait de la consistance à des protagonistes assez caricaturaux sur une ligne de crête incroyable du film du genre, tout cela se rétracte jusqu’à ne laisser que le pivot sans saveur d’un film de guerre où même le contexte se délite.
Créée
le 19 janv. 2020
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