Dix ans après son annonce en 2006, voilà qu'a déboulé en salles l'adaptation du jeu culte "Warcraft", réalisé par un Duncan Jones (Moon, Source Code) désemparé entre des problèmes personnels tragiques et un studio casse-pieds. On ne s'étonnera qu'à moitié de constater que Warcraft soit raté, la conception du long-métrage ayant été constamment baignée dans la souffrance. On savait que Jones avait réécrit le scénario, qu'il jugeait trop manichéen, on ne se doutait pas qu'il allait le transformer en quelque chose de plus basique...
Car au-delà d'un script ô combien linéaire, prévisible et sans enjeux, Warcraft ne possède strictement rien pour sortir du lot. Casting raté, acteurs mal dirigés, direction artistique identique au jeu, mise en scène inexistante, musique anecdotique, effets spéciaux inégaux... Tout va pour le pire dans ce qui s'annonçait comme le Graal de l'adaptation de jeu vidéo. Et si les Orcs en performance capture sont effectivement bien conçus et rendent terriblement bien à l'écran, ils restent l'unique point positif du film, les humains ressemblant plus à des cosplayers sous-payés qu'à d'épiques héros en armures, même chose pour des magiciens de pacotille noyés dans des CGI approximatifs.
On ne saura pas dire si c'est la photographie hasardeuse, les cadrages foireux ou l'absence-même de prise de risque qui font pêcher le film, mais l'on en ressort endormi, ennuyé d'avoir assisté à un téléfilm de luxe et non à un blockbuster ambitieux. On sort de Warcraft en ayant d'ores et déjà oublié le film, jamais sauvé par ses scènes d'action oubliables, ses dialogues barbants, son bestiaire déjà vu, son epicness absente ou – soulignons-le – ses effets visuels inégaux (les incrustations de décors sont incroyablement ratées)... Tout sonne faux, tout sonne plat. On se souvient dès lors du Seigneur des Anneaux, sorti il y a de ça 15 ans et on se demande ce qui a bien pu arriver.