Même si le titre que j'ai choisi pour cet avis le laisse penser, non, Warcraft : Le Commencement n'est pas un film catastrophique. Il manque juste d'ingrédients à mes yeux indispensables pour s'illustrer dans le genre où il évolue. Car au demeurant, le spectateur peu regardant, celui que je suis parfois, pourra être distrait pendant deux heures. Mais pas plus. Le film propose en effet une ou deux séquences de baston assez bien troussées techniquement. Il est même parfois assez joli. Et on ne voit pas trop le temps passer, grâce à la caméra de Duncan Jones.
Mais en même temps, Warcraft : Le Commencement, souffle le chaud et le froid, malheureusement. Car le scénario aurait mérité d'être plus développé sur certains aspects, alors que l'on sent que les producteurs en ont gardé sous le pied pour les épisodes qui ne manqueront certainement pas d'arriver. Car les changements de relations entre certains personnages auraient sans doute mérités d'être mis en lumière d'une autre façon. Plus brute, plus viscérale, plus rageuse au vu des événements.
L'aspect graphique, lui, s'en tire relativement bien. Certaines images mettant en scène les orcs sont magnifiques et rendent palpable l'aspect tribal de la race, entre peintures de guerre, trophées arborés en signes de puissance et pièces d'armures dépareillées et cabossées. Si leur représentation est souvent convaincante, dommage que l'équipe technique ne puisse éviter certains écueils. Comme celui de faire ressembler une femelle orc en arrière plan d'une scène à la Fiona guerrière de Shrek 4. Ou encore certains combattants au géant de jade période World War Hulk. Quant aux méchants de l'histoire, ils prennent l'apparence baroque, dans leur forme ultime (car oui, ils se transforment) de certains boss totalement abusés de la série Tekken.
Warcraft : Le Commencement est à l'image de cette première constatation graphique. Prometteur, parfois emballant, il se prend cependant à plusieurs reprises les pieds dans le tapis de manière inexplicable et ruine ses efforts, faisant regretter le film qu'il aurait pu être s'il avait bénéficié de plus de maîtrise et de rigueur dans sa confection.
Le scénario, lui, ne s'écarte jamais des classiques de la fantasy déjà portés à l'écran. Ainsi, le spectateur ne sera jamais surpris par le déroulement des événements, ni même par l'embryon de romance inter espèces, encore moins par des personnages très archétypaux, dont un porte sur son front le panneau "traître" dès sa première apparition. On sent bien, sur cet aspect, que les producteurs ont joué la sécurité et l'absence totale de prise de risque afin de satisfaire le plus grand nombre et de ne désorienter personne.
Hélas, cette frilosité se répercute sur d'autres compartiments cruciaux du film. Car Warcraft : Le Commencement souffre finalement d'un cruel manque d'identité et d'une pasteurisation de son univers. Au point que tout apparaît finalement assez artificiel et dénué de chair, de vie, ou même d'un quelconque passé. A l'image de certains costumes qui habillent les hommes, qui n'ont pas l'air d'avoir vécu ou d'être simplement usés, ou encore leurs armures, trop "shiny" et propres pour faire croire qu'il ne s'agit pas de la première bataille qu'ils mènent. Tout cela contamine même le monde mis en scène dans ce Warcraft, finalement assez vide, sans aucune variété, tant dans sa faune et sa flore que dans les races qui le peuplent. Car de nains ou de simili elfes, on n'en verra que par instants, pour combler le vide de quelques arrières plans, c'est tout. Et cela fait ainsi ressentir au spectateur que ce monde est loin d'être aussi grand qu'on veut bien nous le dire. Car Warcraft se résume finalement sur cet aspect à une forêt, un palais, une clairière vite désolée et un village orc, certainement le plus développé et chargé en détails.
Et si le spectateur pourra être distrait par ce qui lui est offert, il ne pourra cependant s'empêcher de penser que, devant Warcraft, il ne ressent pas grand chose. Car on touche ici, certainement, au plus gros défaut du film. En effet, la réalisation de Duncan Jones manque cruellement de ce sentiment d'épique qui fait que l'audience rentre au coeur des batailles qui se jouent sous ses yeux. Loin d'être transportée par l'action, elle se dira qu'elle ne retrouve à aucun moment ce qu'elle avait ressenti lors de la bataille des champs du Pelennor d'un Seigneur des Anneaux, ou encore de la confrontation finale de La Bataille des Cinq Armées. Car Warcraft : Le Commencement manque tout simplement d'un quelconque souffle guerrier pour impressionner, pour éblouir, pour immerger le spectateur dans un univers tangible.
Et ça, la mise en scène de tous les orcs du monde ne pourra jamais y palier.
Behind_the_Mask, qui cherche d'autres territoires à conquérir.