Warcraft est un film bourré de défauts. On pourra citer d'abord une direction artistique audacieuse (hasardeuse ?) qui ne laissera personne indifférent, et qui nécessitera, au mieux, un petit temps d'adaptation : le choix d'une patte graphique à la frontière entre film live et FX quasiment cartoonesques peut en effet dérouter, voire rebuter lors de plans à l'incrustation carrément dégueulasse (même si le film nous réserve quelques superbe séquences, comme les arrivées aériennes à Stormwind ou Dalaran, ou les diverses utilisations de la magie arcanique). Difficile également de passer sous silence les performances en totale roue libre de la majorité du casting, notamment humain, ou le rythme trop inégal, avec des séquences confuses voire quasi-incompréhensibles pour les néophytes de la saga (le début du film est à ce titre particulièrement rapide, sans réelle présentation des enjeux ni de la situation géographique des différents personnages).
Mais malgré ses errances, Warcraft est un film extrêmement attachant et généreux. Au-delà de ses maladresses, le film suinte en effet de tous ses pores une profonde passion et un véritable respect pour le matériau de base. Impossible d'y voir une simple pompe à fric tant la volonté de se faire plaisir et de donner du plaisir transparaît de chacune des scènes du film. Warcraft fait ainsi montre d'une réelle empathie pour son histoire (certes bancale) et ses personnages, qui ont tous droit à au moins un moment de bravoure, et dont certains s'avèrent particulièrement géniaux (le magnifique Durotan et son acolyte Orgrim, qui procurent au film une de ses meilleures séquences dans un climax qui vire au sublime). Et cette intention fait clairement du bien dans un cinéma populaire gangrené par la toute-puissance d'un modèle de blockbuster sériel, générique et froid (suivez mon regard) : il se dégagerait même du film un semblant de nostalgie, appuyé par son imagerie très kitch, pour un certain cinéma des années 80, qui osait et se cassait parfois (souvent ?) la gueule, mais toujours avec les honneurs.
A ce titre, Warcraft m'inspire une sympathie toute particulière (tout comme avait pu le faire le tout aussi maladroit Silent Hill de Christophe Gans il y a déjà 10 ans). Paradoxalement, le seul véritable défaut que je pourrais lui trouver est peut-être la principale raison qui m'a fait aimer le film, à savoir cette intention d'accorder un vrai bon moment aux fans, au risque de s'aliéner une bonne partie des novices de la saga : car il est presque certain que mon plaisir eût été amoindri si je n'avais pas autant savouré l'aura qui entoure certains personnages (parfois mineurs) du film, comme Gul'Dan, Varian ou Thrall. Mais qu'importe, quand les seuls mots qui me venaient à la bouche à la sortie du film étaient les suivants : vivement la suite !