"Week-end à Zuydcoote" est un film de Verneuil tiré d'un roman de Robert Merle (qui a participé au scénario). Le film est donc une bonne illustration de l'excellent roman.
Petite digression concernant Verneuil qui est un des réalisateurs à avoir été vilipendé par les gens de la Nouvelle vague sous le fallacieux prétexte qu'il ne faisait que du cinéma commercial. Pour ce qui me concerne, aujourd'hui, je peux dire que je possède peu de films de la nouvelle vague que je trouve avoir très mal vieilli et bien souvent ennuyeux mais par contre, beaucoup de films raillés et moqués dans les années 60 dont en particulier beaucoup de films de Verneuil... qui ont eux, tenu le choc.
"Week-end à Zuydcoote " raconte les derniers jours de la "poche" de Dunkerque en 1940 où un petit groupe de français tente de survivre tant bien que mal.
D'un point de vue historique, j'imagine qu'il offre une bonne vision de la "débâcle" où les soldats français étaient livrés à eux-mêmes dans cette ville alors que les communiqués à la radio étaient encore victorieux. D'un côté, il y avait une propagande allemande (les tracts envoyés d'un avion), les bombardements incessants au milieu de la désorganisation du commandement français et de l'autre côté il y avait la mer et les restes de l'armée britannique qui cherchaient à retourner chez eux et des militaires et civils désabusés ramenés à leur état d'être humain qui tentent de survivre.
Mais surtout, le film est profondément humaniste et je dirais aussi optimiste.
Humaniste car les personnages principaux Maillat (JP Belmondo) et l'abbé Pierson (JP Marielle), pourtant antagonistes dans leurs croyance et incroyance, restent porteurs d'une confiance en l'homme.
Optimiste car, malgré le désarroi et la fatalité qui s'abat sur tous ces hommes, le film montre que ces mêmes hommes, ramenés à leur condition initiale trouvent les ressorts pour développer une capacité d'entraide et de solidarité qui laissent un avenir, somme toute, ouvert.
Tant qu'il existera un homme capable de se révolter contre des actes de barbarie comme le viol de la jeune fille (jouée par Catherine Spaak), il y aura toujours de l'espoir. Verneuil ou Merle ne démontrent rien d'autre.
La mise en scène valorise très bien le scénario en choisissant de suivre la "quête" de Belmondo qui cherche en vain à embarquer sur un bateau anglais. Ainsi on est amenés à rencontrer ou côtoyer plusieurs situations qui vont de la cocasse (le charreton d'Albert Remy) à la dramatique histoire de Marie Dubois avec son mari anglais.
Le casting du film est intéressant :
Jean-Paul Belmondo en soldat désabusé, incroyant mais foncièrement positif est excellent. Ce n'est pas le rôle du gagneur et du baroudeur invincible qu'il endossera trop souvent.
Jean-Pierre Marielle est le négatif de Jean-Paul Belmondo mais les deux s'interrogent sur l'absurdité de la situation, sur les crimes qu'ils ont été amenés à commettre dans cette guerre : il est impossible qu'ils puissent s'entendre mais en même temps, ils n'ont jamais été aussi proches l'un de l'autre.
Jean-Paul Belmondo et Jean-Pierre Marielle joue des rôles d'hommes que travaille la conscience.
Et puis, il y a tous les nombreux seconds rôles excellents qui sont le sel du film : François Perrier en "mère poule", Pierre Mondy en profiteur, Georges Géret en "gars de Bezons" qui ne lâche jamais son FM et qui abat son avion allemand, "aussi sec", Marie Dubois dans un rôle beau, dramatique et bien trop court à mon goût, Catherine Spaak en jeune fille qui ne veut pas quitter sa maison de peur de lui porter malheur, etc...
"Week-end à Zuydcoote" est un très bon film, spectaculaire et convaincant, où on s'ennuie pas une seconde.
Même en plein désarroi et perte de valeurs, quelques hommes sont quand même capables d'humanisme ...
Edition 1 - 28/02/2021
Edition 2 - 25/10/2023 (mise à jour note qui passe de 8 à 9) + modifications mineures