Chaque week-end, un groupe de gays se rassemble au coeur de Seoul pour chanter. Ce sont tous des amateurs, mais ils donnent de la voix pour l'égalité et la lutte contre les discriminations envers les minorités sexuelles en Corée du Sud.
Un tel documentaire est forcément assez attendu, puisqu’il permet non seulement de voir et de comprendre comment est perçue l’homosexualité en Corée du Sud, et puisqu’il permet aussi d’en apprendre plus sur un groupe de musiciens peu connu. L’ennui, c’est que ce ne sont pas des musiciens / chanteurs qui ont la particularité d’être homosexuels, mais ce sont plus des homosexuels qui décident de chanter / faire de la musique afin de partager leurs sentiments, leurs expériences, et leurs vérités sur l’homosexualité.
Le documentaire prend une tournure assez bizarre, et ce pendant une bonne heure. A l’heure d’aujourd’hui, un documentaire sur des homosexuels qui essaient d’assumer qui ils sont et d’exprimer leurs sensations est très important, d’autant que les débats autour de l’homosexualité fait l’actualité. Mais hélas, le documentaire tombe dans le piège qu’il fallait sans doute éviter : le réalisateur Lee Dong-ha préfère passer du temps à interviewer les membres de G-Voice sur leur vie intime plutôt que de véritablement filmer l’origine du groupe / expliquer sa formation, ses débuts, ses échecs et ses réussites. Non, pendant la majeure partie du film, le metteur en scène interroge seulement la vie privée des chanteurs. Si ce n’est pas inintéressant, puisque certaines anecdotes sont très touchantes (notamment au niveau de la non-acceptation des parents qui refusent l’homosexualité de leurs enfants), on a l’impression que Lee Dong-ha veut surtout montrer la vie sexuelle assumée des G-voicers, en faisant ainsi plus un documentaire sur le quotidien des homosexuels (en en faisant une généralité) en Corée du Sud, que véritablement un documentaire sur la première (et seule à l’heure où le film a été tourné) chorale composée que d’homosexuels.
Du coup, le documentaire se résume par une dizaine de chansons performées par les artistes, des interviews type secret story, et quelques prises sur les weekends de répétition des artistes. La dernière partie du film est la plus aboutie et la plus intéressante en proposant des séquences de festivals et de manifestations auxquels participent G-Voice, mais ne suffit pas à rattraper tout le film (hélas).
Finalement, j’aurai préféré avoir le CD du groupe G-Voice (qui forment, malgré leur amateurisme, une très bonne chorale avec des musiques vivantes et dynamiques) que de voir le documentaire, qui n’apportent pas grand-chose d’intéressant sur le groupe. A trop s’axer sur l’homosexualité de la bande, le documentaire perd de son intérêt. Bien sûr, il est très important de filmer et de parler de l’homosexualité, un sujet qui me tient à cœur, mais ce n’est pas le bon doc’ pour ça.