Immersion passionnante de près de 3h au cœur du système de santé et de sécurité sociale américain. Welfare (1975) lève le voile sur la complexité aberrante du système américain, tellement absurde que l’on se croirait parfois dans l’une de nos administrations françaises, à l’image du film Les 12 travaux d'Astérix (1976) avec la séquence dite de « la maison qui rend fou » avec cette interminable histoire de laisser-passer A38 (comprendront ceux qui s’en souviennent).
On pourrait comparer ces institutions à la cour des miracles, on y croise de tout, chômage, logement, problèmes médicaux et psychiatriques ou encore enfants abandonnés et abusés. Tous les maux de la société réunis en un seul et même lieu où les employés tentent ce qu’ils peuvent pour trouver des solutions aux plus démunis, mais le travail s’avère être fastidieux face à un système foutraque qui gouverne à la fois leur vie et leur travail.
Au sein de ce bureau d'aide sociale à New York, les sujets tous plus variés les uns que les autres nous sont dévoilés, on y parle aussi bien d’allocations repas, logements & grossesses que d’assistance médicale ou d’aide à l’emploi. C’est l’Amérique au sens large qui nous est montré ici, puisqu’on y croire tous les profils, déséquilibrés, mères de famille, vétérans, femmes seules, vieillards, immigrés, détenus libérés, chômeurs, alcooliques ou encore drogués.
Comme toujours avec le documentariste Frederick Wiseman, ce dernier filme tout et ne se refuse rien. Ce qui nous permet de faire des rencontres totalement WTF, comme cette improbable conversation entre un vétéran (accessoirement raciste) et un flic noir où durant près de 15min sans discontinue, on assiste à une conversation complètement perchée entre un déséquilibré et ce pauvre flic qui n’a rien demandé (et encore moins de devoir lui faire la conversation, quitte à devoir refaire son éducation à ce pauvre raciste). « Je vais prendre mon magnum 357 et je vais tuer autant de noirs que je verrais. », difficile d’imaginer comment ce flic a pu rester stoïque face à un tel énergumène.
Une sidérante plongée dans l’Amérique déshumanisée et de laissés-pour-compte, malmené par un système dépassé & archaïque, maintenu en vie par le bon vouloir de ses employés.
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➽ Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »