Quand on commence à découvrir le cinéma de Kelly Reichardt et qu'on s'y sent bien, on sait dès le premier plan de Wendy et Lucy qu'on aura le droit à ce qui fait la force de ses films : simplicité, calme, douceur. Le traveling accompagné de cette petite mélodie qui portera Wendy au fil de son périple annonce avec douceur ce que l'on va découvrir.


Loin du brouhaha de certaine production, Wendy et Lucy est un western désenchanté dans une petite ville américaine de nos jours qui incarne les maux d'un pays.


Wendy espère que son "Alaska dream", sa conquête vers le nord lui permettra une existence plus confortable avec Lucy, sa chienne et amie. Or le régime économique et social capitaliste est impitoyable, malgré une sensation de facilité illusoire exprimée par ses rayons débordant de denrées amimentaires dans le magasin à quelques centimètres des yeux de Wendy, ou ces garages automobiles à proximité qui pourrait la faire répartir, Wendy est en marge. Immobilisé. Bloqué par le manque de billets verts.


Le plan d'un oiseau volant dans le ciel que Wendy regarde lorsqu'elle apprends qu'elle n'aura plus de voiture est très beau et représentatif de ce que le film veut nous montrer : l'absurdité et la cruauté de l'environnement qui entoure Wendy, elle qui voulait se déplacer et poursuivre sa route. Elle qui est "simplement de passage".


L'existence de Wendy semble être l'apanage d'autres personnes en ville, en proie à la pauvreté et sans travail. La première interaction de Wendy avec un agent de gardiennage, dont j'ai maudit son attitude en debut de film car il l'a réveille lors de son sommeil dans la voiture, s'avérera être le personnage qui aura le plus de considération pour Wendy. Le récit va faire vivre leur relation d'une très belle manière. Sans exubérance ni chichi.


Michelle Williams incarne avec justesse et sobriété cette femme qui fait preuve d'une grande force mentale, qui reste silencieuse lorsqu'elle se fait réveiller en pleine nuit par un mendiant inquiétant. Les rôles secondaires sont marquants, notamment l'employé de supermarché...


Un film juste et mélancolique.

Ssird
8
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films et documentaires (re)vus en 2024 et 2024 : Rétrospective Kelly Reichardt

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le 18 mars 2024

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Ssird

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