West Side Story, c'est un monument dans l'histoire du cinéma. Oscars à la pelle et grand succès populaire. Cependant pour aimer West Side Story, quelques impératifs s'imposent. Il faut à minima tolérer les chants, la danse, ce manque flagrant de réalisme typique des comédies musicales. Si ces points ne vous rebutent pas, vous êtes prêt à prendre une claque monumentale.
Ni plus ni moins que la transposition de Roméo et Juliette dans le New York des années 50, les Montaigu et Capulet sont remplacés par les Sharks et les Jets, Roméo par Tony et Juliette par Maria.
L'histoire est donc d'un classicisme sans la moindre surprise (quoique...) sur fond de délinquance juvénile et de haine raciale, ce qui à l'époque n'était pas monnaie courante. Cependant l'essentiel est ailleurs. Car West Side Story, c'est LA comédie musicale du siècle. C'est la musique de Leonard Bernstein sublimée par les chorégraphies de Jerome Robbins, remarquablement filmées. S'ouvrant sur dix minutes de danse muette en mode bagarre dans les rues de New York, le ballet urbain et sauvage ne semble jamais vraiment s'arrêter... Plus tard les chansons viendront, jusqu'à l'apothéose du titre Cool, où un chaos savamment organisé de pas survoltés s'enchaînent dans les rythmiques impitoyables du compositeur. Une performance qui laissa pieds et genoux en sang (le danseur/acteur incarnant Baby John a même du tourner ses scènes grippé !) pour une scène de danse sublime passée à la postérité.
Car Jerome Robbins était un tel perfectionniste qu'il fut viré avant la fin du tournage, tant son niveau d'exigence le poussait à retourner indéfiniment ses scènes, au point de dépasser allègrement les délais. Merci à lui d'avoir poussé ses danseurs à bout, le résultat est époustouflant !
Il serait dommage de ne pas citer la performance du tandem Natalie Wood (Maria) et Richard Beymer (Tony), jouant le couple transi d'amour alors qu'ils ne pouvaient pas se supporter au point de ne quasiment pas s'adresser la parole lors du tournage. Georges Chakiris (Bernardo) apporte quant à lui toute sa classe de danseur félin, instinctif, tandis que Rita Moreno (Anita) crève l'écran. Leurs oscars de meilleurs seconds rôles n'ont pas été usurpés, loin de là.
Les décors sombres et éclatants de rouge sont magnifiques, la réalisation parfaite, à la fois sobre et enfiévrée, l'histoire m'emporte toujours et la réplique finale de Maria me bouleverse à chaque fois. Un film magique, unique, enivrant. Un film pour pleurer, non pas pour causes de sentiments mièvre à l'excès mais pour la réelle beauté de l'œuvre, en général.
Meilleure adaptation de comédie musicale au cinéma de tous les temps.