Transposer ROMÉO ET JULIETTE dans le New York de 1960 rappel à quel point la tragédie de Shakespeare est universel. Surtout WEST SIDE STORY démontre une fois de plus que la comédie musicale est du pur cinéma.
Déjà, il y a cette introduction géniale se basant uniquement sur les corps et sur la mise en scène. Cette délicieuse séquence augure le reste du long-métrage : physique, énergique, puissant. Les chorégraphies sont traversées d'idées brillantes où l'émotion explose et renvoient à un côté primal, intuitif. Mais son contexte l'emporte et parvient à dégager un impressionnant constat sur les difficultés de l'intégration, de la xénophobie et des classes populaires. Robert Wise et Jerome Robbins cadrent et construisent leurs plans avec rigueur pour créer de la dramaturgie et du vertige pendant près de trois heures. Le temps file et les séquences plus impressionnantes les unes que les autres s'enchaînent grâce à un montage parfait. Un travail technique titanesque parfois floué par une écriture plus faible dans sa partie romantique et quelques acteurs au jeu bancal. Mais la débauche de qualités annihile ces quelques défauts et n'empêche à aucun moment WEST SIDE STORY de perdre de splendeur. C'est un divertissement redoutable d'efficacité mais derrière la beauté des danses et des textes se cache un terrible drame provoqué par une spirale d'évènements inhérents aux douleurs de deux communautés. Il fera une razzia de récompenses, logique au vu de la grandeur de l'œuvre.
Thématiquement et scéniquement travaillé, il n'a pas pris une ride. Cette fin tragique remettant en lumière la situation, toujours d'actualité, confirme avec brio que WEST SIDE STORY est un très grand film.