Dans Wet season, Anthony Chen troque la chronique familiale d’Ilo Ilo, Caméra d'or en 2013 au Festival de Cannes, pour un portrait de femme dont la subtilité n’a rien à envier à son aîné. Cette nouvelle réalisation nous est présentée comme le deuxième volet d’une trilogie dont l’ultime partie reste donc à venir.
Le jeune comédien d’Ilo Ilo, Koh Jia Ler, a grandi. C’est à travers la rencontre de ce désormais jeune étudiant avec Ling sa professeure de chinois que le portrait féminin de celle-ci se dévoilera peu à peu. A l’écran, Ling est interprétée par Yann Yann Yeo. L’actrice malaisienne passe ainsi du statut de mère de Jiale en 2013 à celui de professeure de Wei Lun en 2019. Le récit du passage à l'âge adulte du jeune homme apparaît en filigrane du portrait d’une femme esseulée et, entre autres, en mal d’enfant.
Le cinéaste singapourien fait preuve d’une immense délicatesse dans sa réalisation, sa direction d’acteur et sa mise en scène. Mais cette extrême douceur finit par nuire à Wet season. Le récit indubitablement intime en pâtit. Il aurait mérité une plus grande injection d’hormones notamment en contrebalançant la prédominance du personnage de Ling par une présence moins effacée de son époux incarné par Yang Shi Bin.