Etant donné que son nouveau film, La La Land cartonne avec des critiques internationales unanimement très positives (et un succès commercial inattendu qui se précise de plus en plus, en témoigne les 300 millions de dollars rapportés pour un budget initial de 30 millions de dollars seulement^^), impossible de passer à côté de la hype du moment générée par le comédie musicale avec Emma Stone Ryan Gosling !
Pour ne pas être en dehors de la hype du moment, je me devais de me rattraper en me lançant dans le visionnage de "Whiplash", lui aussi gros succès critique cinématographique de l'année 2014.
Très curieux de découvrir ce nouveau jeune prodige qu'est Damien Chazelle, ce jeune réalisateur à la trentaine, je me suis lancé dans le visionnage de ce drame musical, ce "duel inoubliable" vanté par les médias !
Whiplash, premier long métrage de Damien Chazelle et sa deuxième production, reprend le court métrage éponyme réalisé par le même réalisateur un an plus tôt et nous raconte l'histoire d'Andrew Neiman. Etudiant de 19 ans au conservatoire Shaffer de New York, la plus prestigieuse école de musique du pays, Andrew, passionné par la batterie, rêve de devenir quelqu'un dans le milieu mais hélas, le jeune homme se retrouve sous le joug de Terence Fletcher, professeur et chef d'orchestre terriblement tyrannique et élitiste, poussant ses élèves au bout de leurs limites aussi bien sur le plan physique que mental. Mais galvanisé par sa passion, Andrew est bien décidé à ne pas plier devant lui et à repousser toutes ses limites pour décrocher sa place de batteur dans l'orchestre. Voilà pour le pitch global.
Qu'en est-il ? Une baffe mais quelle baffe ! En voilà un film qui n'a pas usurpé son succès critique et dont les éloges sont parfaitement justifiées !
A l'image de Charlie Parker dans la légende du Jazz dont le professeur lui a lancé une cymbale dans la figure à cause de fausses notes, c'est une claque cinématographique à l'image métaphoriquement d'une cymbale dans en pleine poire que j'ai pris !
Whiplash est un véritable coup de maître qui laisse bouche-bée le spectateur tant l'expérience est prenante et laisse sa marque dans nos esprit même plusieurs heures après la fin du film !
A travers une histoire qui paraît un rabachage de dépassement de sois en premier abord, Damien Chazelle nous à pondu là un véritable remake de "Rocky" dans la musique d'une profondeur et d'une intensité époustouflante aussi bien au niveau de la maîtrise de la caméra que du propos ou du jeu d'acteur !
L'histoire de Whiplash est ingénieusement ficelée de bout en bout, le rythme et le ton qui ne cesse de monter crescendo sont parfaitement donnés dès l'ouverture
avec un noir total puis le sont des baguettes qui cognent sur les cymbales qui monte de plus en plus pour enfin laisser place à un plan dans l'axe du couloir menant au studio et un travelling avant donnant à la caméra une fonction presque intrusive (le point de vue de Terence Fletcher peut être bien ? ^^) dans la bulle qu'Andrew, déjà soumis à l'autorité oppressante de son professeur, tente désespérément de se créer.
Par la suite, toute l'intrigue se déroule sans fausse note, Chazelle manie à la perfection chaque partition de cette "tragédie lyrique" dans laquelle on peut presque supposer un tempo autobiographique, en plus de mettre véritablement en valeur le morceau phare d'Hank Levy et d'autres musiques de Jazz.
Le film rend au Jazz ses lettres d'or ainsi qu'aux légendes Buddy Rich et Charile Parker (sans doute Chazelle s'est inspiré du film "Bird" de Clint Eastwood de 1987).
Ici, Chazelle transforme un orchestre en véritable régime totalitaire et rend à la musique tout son caractère épique et spectaculaire en rapprochant la manipulation d'un instrument d'une prestation de l'ordre de la prouesse physique !
Avec son film, Chazelle se place plus du côté du cinéma de personnage plutôt que du cinéma d'intrigue comme à souvent tendance à la prôner le système Hollywoodiens, ce n'est donc pas la trame narratif (qui malgré son classicisme dans le fond reste amplement plus que correcte et non reléguée au second rang) mais les personnages qui sont marquants.
Le duel entre Andrew et Fletcher et bel et bien inoubliable comme le suggèrent les critiques, un super exemple moderne de la dialectique du maître et de l'esclave (parce qu'à ce stade, Andrew n'est plus élève mais carrément esclave). Qui est le maître de l'orchestre ? Qui imposera son tempo à l'autre ?
Andrew est esclave du Fletcher dans la mesure ou il est de force à suivre le tempo imposé par son professeur, cependant il est persévérant et continu de s'entraîner quitte à se faire saigner les mains pour gagner sa "liberté de jouer"; à l'inverse, T.Fletcher est au sommet et dirige à la baguette la moindre note, le moindre son qui sort de chaque instrument avec élitisme et injures.
Toute cette dureté et cette persévérance "inhumaine" d'Andrew, nous la ressentons avec une émotion et une admiration sans borne via d'impeccables mouvements de caméra.
Damien Chazelle ne cesse de multiplier les gros plans, les inserts, à poser sa caméra au plus près pour nous retranscrire goûte de sueur par goûte de sueur l'acharnement et la souffrance enduré par le héros au pris de sang sur les cymbales et de larmes.
Encore mieux, le héros n'est pas cliché, il n'est pas forcément sympathique même si bien entendu on éprouve immédiatement de la pitié pour lui,
Andrew est quand même plutôt égoïste car notons qu'il va jusque à larguer sa copine de peur qu'elle le gêne dans ses rêves de grandeur, sans se soucier de la peine qu'elle éprouve. Plus logique mais tout de même, il finit par devenir agressif avec les autres sans se chercher à se faire des amis.
Le jeu d'acteur de Miles Teller et surtout J.K Simmons est inoubliable ! Simmons est juste parfait dans le rôle du professeur tyrannique, chacun de ses excès de colère nous donnent envie à nous spectateur de nous lever tant l'injustice est là. Un personnage qu'on déteste immédiatement mais qu'on prend plaisir à détester pour ses méthodes radicales et tant il donne la gnac au héros de vouloir se dépasser. Vraiment, J.K Simmons m'a bluffé !
Voilà, rien à dire de plus, en définitif, avec ce premier long métrage, le chef d'orchestre Damien Chazelle commence très fort avec un film poignant ! Un duel Maître/Elève au sommet qui résonne comme un coup de baguette sur les cymbales dans le monde du Jazz au cinéma, inoubliable !