Un conflit entre l'élève (Andrew), médiocre bourré de rêves, et le maître (Fletcher), vieux rêveur borné, sur fond de jazz. Alors, qu'est-ce que ça donne Whiplash ?
Outre un scénario dur, réaliste, qui ne fait pas de cadeaux à des personnages incarnés à la perfection par un Miles Teller tout suant et un J. K. Simmons tout bougon, ce qui est vraiment incroyable dans Whiplash, c'est la réalisation de Damien Chazelle, grand chef d'orchestre aussi exigeant avec sa caméra que Fletcher avec ses musiciens. Et c'est seulement son deuxième film ?
La mise en scène est rythmée et grandiose dans les phases de musiques, collant aux cuivres, battant avec la batterie et suintant avec les larmes de sueur d'Andrew. Inserts et gros plans sont à l'honneur et nous plongent au cœur de l'orchestre, dans la virtuosité comme dans la souffrance des personnages (enfin surtout d'Andrew).
Et puis il y a ce plan. Au cours du dernier concert du film, la caméra fait ce qu'on pourrait identifier comme une sorte de champ-contrechamp entre Andrew et Fletcher. Simplement, la caméra ne s'arrête jamais, et fait un va et viens de plus en plus cadencé de métronome entre les deux personnages, s'arrêtant net à chaque fois qu'elle rencontre l'un d'eux. Outre la prouesse technique (la caméra fait bien dix mouvements en tout), la complicité renaissante dans la confrontation qui apparaît entre les deux personnages, mais aussi entre la batterie et l'orchestre tout entier (Fletcher étant le chef d'orchestre), est parfaitement retranscrite dans ce plan où tout devient flou excepté les deux hommes, unis par un même mouvement de caméra.
Whiplash c'est ça, un bijou filmique et auditif, qui vous fera aimer le jazz et la musique en général.