Subtilité et perfection. La vérité, l’interprétation juste se trouve dans les nuances, le détail.
Un film tournant autour d'un jeune musicien aspirant au même succès qu'un Charlie Parker ne pouvait être autrement construit que comme cela: Des plans qui se succèdent de façon saccadées, une caméra passant d'un point A à un point B avec une rapidité indicible. Certains plans semblent même personnifier l’ouïe de Fletcher. Il entend chaque note de chaque instrument. Son oreille se balade dans la pièce et capte la moindre fausse note. Bref, du mouvement, toujours. Et de la tension.
Après tout, la rythmique, c'est ça. Le batteur est en perpétuelle tension entre sa propre existence et le tempo qu'il doit incarner, qu'il fait vivre.
Pour ce qui est de la relation entre le Professeur à l'autorité méritée et le jeune élève intempérant mais qui a la fibre jazz, elle est, somme toute, assez basique. Tout tourne autour de la musique. Leur relation se construit autour de bases objectives, celles de la musique absolue, ici, du jazz. Aucune sincérité, aucune compassion: des sentiments humains mais virulents, tendus en dehors des moments où Andrew se range sur le bon tempo, celui de Fletcher. ("That's not my tempo" et cela le met hors de lui) et où ce dernier le considère enfin, au nom de l'art musical. Parce que ce Tempo est divin, en quelques sortes.
Il y a un destin. Andrew doit se battre pour le faire sien. Il devient un homme, un héros, derrière sa batterie. Avec et par elle. Il perd son propre sang pour la gloire, il dépasse les épreuves, l'humiliation, les blessures, les traumatismes, les accidents, au sens figuré comme littéral. Il renonce à ce mode de vie sur lequel nous nous construisons presque tous. Père, mère, petit(e)s ami(e)s, amis, Université, petit job... Non, lui c'est par la musique qu'il construit ses repères, détermine ses choix et c'est ici qu'il puise sa force, pour grandir, évoluer, devenir et s'accomplir.
Lostcontrol
9
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le 18 janv. 2015

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