Quand la musique est bonne.
Andrew, 19 ans, jeune premier dans une grande école de musique, la plus prestigieuse de New York et des États-Unis, se fait remarquer alors qu'il répétait ses gammes dans son coin par Terence Fletcher, le professeur le plus renommé et aussi celui qui coordonne le Studio Band, le groupe de musique de l'école qui concours au plus grand festivals de la ville.
Le film repose sur deux axiomes: la musique et la relation très spéciale entre Andrew et Terence. L'un comme l'autre, les deux aspects sont magnifiques même si on peut chipoter :
- La musique reste uniquement du jazz (si ce n'est un moment où l'on entend un morceau très court d'une chanson et qu'on ne l'entendra plus par la suite) et donc, on se doit d'apprécier un minimum le groove et le rythme de ce style musical pour apprécier le film. Car la réalisation (et plus spécifiquement le découpage-montage) suit particulièrement la mélodie. Découpage rythmé, calé sur la partition jouée, avec cette caméra omniprésente, qui filme en très gros plans les instruments et leurs musiciens. Réalisation de l'insert, elle est contrebalancée par des moments de flottements, qui viennent préparer le spectateur à la partition à venir. C'est un exemple magistral de réalisation musicale.
- Les personnages, quant à eux, sont intéressants, car leur psychologie n'est pas démontrée artificiellement par des dialogues explicites, mais découverte grâce à leurs saillies et au retournements de situations impromptus. Le film est presque un thriller, une course poursuite à celui qui aura le dernier mot, la dernière note entre le maitre et l'élève. Sur ce plan, le scénario va très loin, et frappe fort. J.K. Simmons joue le salaud le plus ultime de cette fin d'année 2014 / ce début d'année 2015. Miles Teller est quand à lui impressionnant en obstiné de son art, obstiné de reconnaissance, bourreau de travail jusqu'au masochisme. Captivant, ce duel donne des moments de tensions et d'échanges puissants.
Mon seul souci avec le film, c'est finalement son message. Souffrir et s'obstiner pour aller au delà de ses limites, ok. Mais certains moments du long-métrage suggèrent qu'on peut avoir des sacrifiés sur l'autel du génie, du moment qu'on accouche à un moment d'un nouveau "Bird". Un peu hardcore, et je ne pense pas que le réalisateur ai voulu être aussi extrémiste, mais la fin laisse à penser que c'est l'avis du réalisateur-scénariste (Damien Chazelle a écrit et réalisé).
Bémol, mais uniquement sur le message du film. Pour ce qui est du défi artistique, c'est banco. 2015 commence bien pour moi, et commencera bien pour vous. Allez-voir Whiplash.