"Est-ce que c'est toi John Wayne, ou c'est moi?"
Il y a quelque chose de saisissant dans Whiplash de Damien Chazelle, c'est qu'il ne perd jamais le rythme qu'il s'impose.
Il faut dire que ce nouveau cinéma américain ("semi indépendant", je dirais) se veut de plus en plus réfléchi, prend de manière générale beaucoup plus son temps pour poser ses intrigues, détailler ses personnages. Ce qui n'est pas plus mauvais?
Et puis il y a Whiplash qui vient comme un bon bol d'air frais, avec sa mise en scène effrénée, cette intrigue qui débute tambour battant, ses rares pauses et ce désir de ne pas prendre de pincettes. Le film se donne volontairement un côté brouillon, mais n'est jamais bâclé et c'est la bien sa force. Parce qu'en réalité tout s'enchaîne à merveille, on est dès la première scène embarqués avec un certain Neimann dans un swing périlleux avec Mr Fletcher qu'on ne prend pas la peine de nous présenter. On les découvrira plus tard, au fil des scènes, l'un comme un travailleur acharné, ambitieux (trop?) et un peu connard, l'autre comme un professeur illustre tant par son perfectionnisme que par sa méthode militaire et son franc parler. Comment ne pas penser au général Hartman (et je suis content de voir que beaucoup l'ont fait) qui a droit a un revival mythique dans le milieu de l'élite musicale... Chaque instant est complètement jouissif et les répliques sont déjà cultes!
Whiplash, c'est donc l'histoire de cette collision brutale entre un élève qui veut être le meilleur, et le maître qui en rêve toujours de former un, de meilleur. C'est aussi une histoire de choc de générations qu'on a tous connu, qui nous parle, et c'est ce qui la rend si humaine. Miles Teller et J.K Simmons (déjà hystérique dans la saga des Spider-man) contribuent grandement à ce qu'elle crève l'écran.
Le rythme s'accélère petit à petit et tout les éléments se réunissent pour un final époustouflant, et c'est un euphémisme tant on serait tentés de réclamer un "encore". On lui reprochera de prôner que le travail seul promet la grandeur ou quelques références erronées sur le Jazz, mais quel plaisir de voir que des films célèbrent encore un genre musical qui malheureusement tend à disparaître... En tous cas les mélomanes apprécieront, balanceront la tête, taperont le rythme sur leur cuisses, et pas qu'eux...
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