Je titre ma critique si je veux !
Je ne vais pas vous mentir, j'ai passé les deux tiers du film à me rappeler pourquoi j'ai jamais fait le conservatoire de musique, pourquoi j'ai toujours eu la plus profonde admiration pour tous ceux qui avaient eu le courage d'en sortir par la petite porte, en même temps que le mépris le plus total pour ceux qui en sortaient avec une médaille (tu sais, ces gens qui ne peuvent plus écouter la radio parce que ça les rend fous de rage) - et puis, le reste du temps, j'ai pensé à la psychanalyse, et à l'existence. Ouais je suis comme ça. Quand le générique tombe, Whiplash laisse un goût amer. On se dit que c'est de la propagande hitlérienne, on se dit que les profs qui claquent les protège-claviers en bois sur les doigts de leurs élèves de primaires vont adorer, les pensées s'agitent, ça bouillonne, on a envie d'arracher des couilles symboliques. Peut-être aussi parce que Caravan est le premier morceau que j'aie jamais appris au saxophone (avec un prof de village qui avait bien compris que j'en avais rien à foutre du solfège, et que je remercierai toute ma vie). Mais voilà : on ressort de là en aillant regardé d'une traite le film à même la pellicule, avec le coeur qui tape une cavalcade, des idées bien hautes et le sentiment de s'être fait enflé.
Mais la vérité c'est que cette connerie, c'est pas tant une ode à la musique qu'au cinéma, parce qu'il fallait bien un truc comme ça, déjà pour qu'on supporte une histoire sur un élève de batterie jazz, et surtout pour oublier de quitter la salle au nom des potes avec une oreille qui ont été traumatisés à vie au point d'être dégoûté par la vue d'un instrument de musique (ceux qui serrent les dents dans les concerts). Pourquoi on ne le fait pas ? Parce que Whiplash est juste. Juste, tellement juste, jusque dans l'exposition chaleureuse et méthodique de la terreur glaçante qui anime les écoles de musique, en nous jetant à la face, comme une ultime insulte, cette auto-suffisance arrogante, "vous voyez, ça valait le coup", en la montrant pour ce qu'elle est : un système inique, injuste, révoltant, hypocrite, et qui s’auto-entretient. 10/10, would panic attack again.
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