Malgré un sujet assez conventionnel (l'élève qui souhaite devenir un prodige, poussé dans ses retranchements par un professeur tyrannique), le film parvient à t'infliger une sacrée baffe. Car l'intrigue est rapidement éclipsée par la musique, qui ne se cantonne pas à une colonne sonore mais devient le principal enjeu du film, l'aspiration ultime auquel tendent les personnages. Le jazz sacralisé à travers ses idoles et ses codes dicte son tempo, parfois avec une très grande violence. La batterie, instrument que l'on relègue souvent en arrière-plan, se révèle enfin dans toute l'exigence de son art : une cadence folle, du sang, de la sueur
Le jeune Miles Teller est époustouflant et glaçant dans son rôle de jeune premier prêt à sacrifier tout pour la renommée. Il interprète un personnage complexe, entre instabilité psychologique et détachement quasi cruel. Difficile de s'y identifier vraiment. Pour lui donner la réplique, J-K Simmons en professeur adepte des bitch faces, qu'il est facile de détester mais aussi de comprendre les motivations.
Pour finir, une photographie sobre, qui fait la part belle au jeu des musiciens et se cale sur le rythme du jazz. Le plan introductif, où Andrew sort du conservatoire et traverse la rue est dans ce sens assez réussi.
Ce film m'aura en tout cas réconciliée avec le jazz et valu nombre de nuits blanches à écouter des albums.