Grosse déception pour ce film qu'on m'avait tant vanté et que Télérama avait encensé.
Je déplore tout d'abord un scénario assez faible, des personnages caricaturaux qui font que l'histoire se résume à une confrontation maître / élève sado-masochiste, genre de relation mainte et mainte fois dépeinte au cinéma (et souvent, mieux que ça !)
Même en terme musical, qui devrait pourtant être la force, l’originalité du film, la qualité n'est pas au rendez-vous : des morceaux figés, pas modernes, une vision du jazz vécue seulement comme une performance solitaire où on ne s'écoute pas, où on ne se répond pas en improvisant. Du tempo rien que du tempo de plus en plus rapide : ce n'est pas ça le jazz !
De plus, je trouve que le réalisateur ne s'est pas assez positionné quant au personnage du prof, qu'il décrit dans ses interviews comme un salaud, mais dans le film, on ne sait pas si finalement les méthodes du prof n'ont pas fini par payer, d'où une impression de légitimation.
Les relations entre Andrew et son père, et entre Andrew et sa petite amie ne sont, à mon avis, pas assez fouillées. Le film aurait pu répondre de façon plus précise à la question centrale qu'il pose : faut-il tout sacrifier pour atteindre le génie artistique ?
Certains spectateurs ont beaucoup critiqué les scènes où on voit Andrew jouer jusqu'à se blesser au sang, prétextant que c'est peu réaliste. Moi, ça n'est pas ça qui m'a gêné, car je me dis que ça peut arriver.
Mon chéri, très féru de jazz et musicien poly-instrumentiste, m'a déclaré en sortant de la séance : "ouais, bof, un documentaire sur la batterie et le jazz aurait été meilleur ...". Je crois que nous sommes bien d'accord.