White God vaut tout d'abord pour son ouverture phénoménale et magnifique.
Rues désertes (non, pas "dernière cigarette" mais oui...), plus rien ne bouge, voitures abandonnées. Seule la présence d'une petite fille sur son vélo, trompette dans le sac à dos, vient ajouter de la douceur à ce paysage d'apocalypse. Tout est dans la maîtrise des travellings (images de toute beauté) et de la tension, la petite soudainement poursuivie par des centaines de chiens.
En absolu contraste avec une caméra à l'épaule qui pendant tout le film vient brasser le spectateur par un style un peu too - much. C'est dommage, on manque de très jolis plans. Une caméra fixe aurait à mon sens eu plus d'impact.

Mais dés le début le traitement des personnages révèle quelque chose. Tous sont fades, impassibles, presque archétypaux, ont une tâche donnée et se contentent de la faire. Les hommes sont des machines. Seuls échappent l'héroïne du film qui par sa seule présence et la puissance de son jeu illumine le film et son père, maladroit et sévère et donc plein d'humanité.
Et Hagen. Le chien, plus humain que tous, héros principal.
Jamais un film n'aura donné autant de place à l'animal. Aussi intéressantes soient-elle (thème de la pression sociale, du gouvernement, de l'amour adolescent, de la découverte de la vie...) les scènes avec les humains ne sont que secondaires (et parfois trop importantes à mon sens). Toute l'étendue du talent du réalisateur se dévoile dans le scènes mettant en scène les chiens. Chorégraphies superbes (un travail de dressage remarquable a dû être réalisé), scènes de poursuite filmées comme personne, on découvre le monde et une société véreuse par les yeux de ce gentil chien que l'humanité veut pervertir. Abandonné, maltraité, battu, dressé au combat, poussé au meurtre, les scènes sont d'une brutalité et d'une violence glaçante. Si l'on a un minimum de considération pour les animaux on ne peut que se sentir bouleversé et traumatisé par la brutalité de certaines scènes, râles et couinements à l'appui, absolument déchirantes.
Alors que les humains de déshumanisent, ils tentent en tout et pour tout d'humaniser le chien. L'animal se fait humain, s'organise et devient mauvais. Il devient HUMAIN. Un vrai dialogue est à inventer soi-même tant les chiens jouent et réussissent à véhiculer des émotions que des acteurs humains auraient tout juste réussis à atteindre.
Les rôles s'inversent, la guerre de domination peut commencer. Avec un rythme parfois malheureusement saccadé et brisé, le réalisateur réussi à livrer une dernière demie heure éprouvante, violente et angoissante (un film d'horreur presque) qui glacera le sang jusqu'à une scène finale qui réussit habilement à joindre naïveté à intelligence.
Malgré quelques fausses notes et un rythme parfois maladroit, on ne peut que s'incliner face à une telle maîtrise de style et face à un scénario jouissif qui ( ENFINNNNNNN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!) montre un rêve de cinéma étonnamment jamais exploité jusqu'alors : la révolution animale.
Jouissif et formidable, la surprise de cette fin d'année.

Créée

le 8 déc. 2014

Critique lue 387 fois

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Charles Dubois

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