A certains égards, je n’aime pas beaucoup mon premier film : Who’s that Knocking at my Door ?, à cause de tous les problèmes rencontrés lors du tournage. Je savais ce que je voulais faire quand j’ai commencé le film, mais je ne pouvais pas le faire avec le budget que j’avais. 

Voici ce que dira Martin Scorsese sur son premier long-métrage, son film de fin d'étude tourné avec un minuscule budget de 30.000$. Pourtant dés son premier film, le jeune cinéaste met en place des éléments qui marqueront l'ensemble de sa filmographie. Ainsi, le film se déroule dans Little Italy, quartier natal du cinéaste. De même, la religion a une place majeure dans le film tout comme dans la vie de son auteur.

Le film est dans un premier temps nommé Bring on the Dancing Girls, mais le projet déplaît au professeur de cinéma de Martin Scorsese : Haig Mannogian. Celui-ci l'encourage alors à réécrire le scénario et à développer davantage le personnage principal. Scorsese bouleverse totalement la structure narrative du film, et mélange les nouvelles scènes avec les anciennes. Le film, rebaptisé I Call First, est projeté dans des festivals et notamment à Chicago. Sans histoire d’amour, le film fait un four, le public n’y vois que des scènes de beuveries ou de virée en voiture dans les rues de New York sans vraiment de trame scénaristique. Tout le monde déteste.

Le film continu son tour des festivals sous le nom de J.R en référence à son personnage principal. Martin Scorsese peine à trouver un distributeur pour une sortie dans les salles de cinéma. La solution arrive de son professeur de cinéma Haig Mannogian qui lui trouve le distributeur de films d’horreur : Joseph Brenner. Ce dernier lui promet de projeter son film en salle si Scorsese inclut une scène de nudité dans son film. Scorsese se trouve alors Amsterdam, il déniche un endroit ressemblant à un loft new-yorkais et il tourne une scène de sexe qui glisse au beau milieu d’un dialogue sur les bonnes et les mauvaises filles, les vierges et les salopes. Il y ajoute une musique de The Doors et parvient à rentrer aux États-Unis avec la nouvelle version.

De son nom final, Who’s that Knocking at my Door ? est achevé en 1967. La première a lieu la même année au festival du film de Chicago et, cette fois, le succès est au rendez-vous. C’est une œuvre vaguement autobiographique qui suis un jeune italo-américain, partager entre sa petite amie et sa bande de copains entre jeunesse et âge adulte, entre sexe et religion.

Le jeune J.R rencontre une blonde dans un ferry et il cherche à l’impressionner avec un monologue sur John Wayne et sur The Searchers. Cette rencontre est remémoré par J.R alors qu’il s’ennuie en jouant aux cartes avec ses amis. Le film se déroule beaucoup selon ce procédé de rêveries éveillés qui sortent de l’esprit d’un jeune homme épris. Scorsese capture à merveille ces bouffées fantasmagoriques.

La cinéphilie de Martin Scorsese est clairement affichée, et avec ce style vaguement documentaire, le film renvoie au néoréalisme italien, mais surtout à la Nouvelle Vague. Tout comme les réalisateurs français, il veut ancrer ses personnages dans un contexte bien réel tout en soignant l'esthétique du film.

C’est le tout jeune et inconnu Harvey Keitel qui interprète J.R. Un premier rôle et un premier rôle principal pour le futur très grand acteur. Lors du tournage, Martin Scorsese et Keitel deviennent très proche, presque comme des frères. Keitel dort même sur un matelas dans l’appartement du réalisateur. Ils passeront deux années a tourné le film par intermittence au gré des arrivées d’argent, de quoi resserrer des liens.

Dans Who’s that Knocking at my Door ?, tout est déjà du pur Martin Scorsese. Le personnage principal à la mine jovial, au rictus espiègle incarne à lui seul la fougue que Scorsese insuffle dans ses films avant qu’il ne rencontre le sombre et génial Robert De Niro. Le dernier tiers du film laisse davantage entrevoir les thèmes futures de ses réalisations. J.R se détourne de la belle blonde quand il apprend qu’elle a été violée avant de tenter non sans condescendance de la pardonner. Le catholicisme de Scorsese imprègne le dénouement du film comme l’encens imprègne l’église. Le cinéaste sera traité le sujet de manière plus subtile dans ses futurs films, même si celui-ci reste un premier film époustouflant de fluidité et de justesse.

Je laisse la conclusion à Martin Scorsese lui-même qui ne ment pas sur ce qu’est son film :

Nous débordions d’ambition jusqu’à ce que l’on découvre qu’on ne pouvait pas déplacer la caméra pour obtenir les angles voulus. Mais le film vise juste dans sa manière de nous décrire en train de ne rien faire, rester assis ou au volant d’une voiture. D’un côté voilà de quoi parle le film, d’un autre, il y était question de blocage sexuel et de l’église.
StevenBen
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le 9 oct. 2023

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Steven Benard

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