Ange à l'extérieur, rongée à l'intérieur. Telle est Cheryl Strayed comme on le perçoit dans ce film. Derrière ce personnage paraissant innocent et jovial, nous nous rendons compte à quel point les apparences sont trompeuses. On observe chez ce personnage un passé plutôt secoué et marqué par la souffrance, notamment centré sur le conflit familial qui agit sur sa vie comme un effet domino ; avec un père violent et alcoolique et une mère mourant d'une maladie, Cheryl perd petit à petit confiance en elle et baisse les bras, au point de sombrer dans l'héroïne et de se fixer sur le front l'étiquette de fille facile. Et comme il faut toujours une goutte de plus pour faire deborder le vase, un autre problème vient s'ajouter pour prolonger le chemin des dominos ; le divorce avec son mari. Arrivé à ce stade de la vie, tout semble perdu, le combat semble être étouffé par la facilité. Les dominos sont prêts à se laisser entrainer vers le sol, comme Cheryl s'est laissée entraînée dans le vide.
"Quand on a plus rien, il nous reste la nature pour nous réconforter."
On voit bien à travers cette longue marche remplie d'obstacles que Cheryl prend le temps de se rappeller ses souvenirs et décide à partir de là de faire un choix. Continuer à avancer pour prendre du recul et espérer une vie meilleure, ou renoncer au combat et faire demi-tour. Il ne faut pas vivre sur le regret du passé, mais sur l'espoir de l'avenir ; telle a été la volonté de Cheryl, qui a préféré ne pas rester à genoux. Arrêter la chute des dominos pour relever ceux déjà tombés.
Pour en revenir au film et être bref, je dirai que malgré un titre et une histoire faisant penser inévitablement à Into the wild, cette mise en scène entre le passé et le présent donne autant envie de sourire que de pleurer, et nous fait tirer à tous une morale positive sur la volonté, même quand tout espoir semble abandonné.