En 2003, James Wong refuse de réaliser la suite de son pourtant excellent Destination Finale pour s'occuper de produire le remake du film d'horreur des années 70 Willard qu'il laisse à son compère de scénariste Glen Morgan le soin de réaliser. Dépoussiérer un film oublié par beaucoup et rarement commercialisé, pourquoi pas ? Et pour cause : le résultat s'avère très satisfaisant. Wong parvient à rendre hommage au long-métrage de Daniel Mann en respectant non seulement son histoire mais également son atmosphère macabre qui en faisait plus un drame sombre qu'un film d'épouvante...
Nous suivons donc Willard, solitaire asocial extrêmement réservé servant de larbin à sa mère malade et de souffre-douleur à son tyrannique patron. Le rôle échoue au ténébreux Crispin Glover, mémorable papa de Marty McFly qui jouait déjà à merveille les victimes dans le premier opus de la trilogie de Robert Zemeckis. Il incarne avec brio le héros-titre face au toujours aussi excellent R. Lee Ermey, parfait en boss dégueulasse qui n'aura de cesse que de rabaisser Willard tandis que la magnifique Laura Harring incarne la gentille Cathryn travaillant avec lui, un rôle hélas bien moins important que dans le film original.
Par ailleurs, le film se concentre ici essentiellement sur Willard et sa relation avec ses rats. En fait, si ce remake suit à la lettre le film de 1971, il n'apporte non seulement rien de nouveau (si ce n'est une nouvelle fin) mais n'arrive également pas à retranscrire toute sa dimension horrifique, préférant accentuer le côté bizarre de notre héros et la rivalité entre ses deux rats favoris. À peine plus sanglant mais surtout moins dramatique, le film de Glen Morgan appuie là où ça fait mal mais rend les situations moins crédibles.
Ainsi, le patron de Willard devient caricatural tandis que Willard lui-même n'attire plus la sympathie qu'on lui accordait lorsqu'il était interprété par Bruce Davison. Dommage. Reste du film un bon remake dont l'ambiance gothique est ici renforcée au même titre que le travail de dressage sur les fameux rats, rendant le produit tout à fait agréable mais bien en deçà de la perle datée de Daniel Mann.