Plus connu pour ses nombreux rôles en tant qu’acteur (principalement dans des séries TV) que pour son travail derrière la caméra, Taylor Sheridan signe avec Wind River, son 2e film en tant que réalisateur. Son premier avec de véritables moyens (11 millions de dollars tout de même).
Wind River est ce qu’on pourrait communément appeler un film policier. Il se déroule dans une réserve indienne située dans l’Etat du Wyoming, l’un des plus sauvages d’Amérique. Il suit Cory Lambert, un ranger travaillant pour ce qu’on appellerait en France, le Département des Eaux et Forêts. Excellent pisteur, il a également la tâche – moins agréable- de devoir abattre les prédateurs trop menaçants pour la population et surtout pour le bétail.
C’est au cours d’une de ces « traques » qu’il découvre, à des kilomètres de toute habitation, le corps d’une jeune indienne, morte d’asphyxie, après que ses poumons eurent explosés, en raison du froid extrême.
Portant des traces de coups et manifestement en fuite, la victime ne semble donc pas s’être simplement perdue. Des éléments qui poussent le shérif local à mobiliser le FBI, en la personne de Jane Banner, une jeune recrue.
Convaincu qu’il ne s’agit pas d’une mort accidentelle, celle-ci va devoir mener l’enquête au cœur d'un environnement naturel particulièrement hostile (tempête de neige, altitude, températures extrêmement basses…) et dans un contexte social difficile, où la plupart des jeunes ne semblent avoir d’autres perspectives que de mener une vie de junkie et/ou de délinquant alors que ceux qui travaillent peinent à supporter l’isolement et la morosité de leur environnement.
Si le scénario de Wind River ne brille pas particulièrement par son originalité ou son ingéniosité, il n’en reste pas moins que le film propose une ambiance et un cadre atypiques, qui lui confèrent une identité forte. La dureté de l’existence dans pareil milieu est particulièrement bien retranscrite.
De même, les personnages ne manquent pas d’intérêt, en particulier celui de Cory Lambert. Lui-même a connu une tragédie lorsqu'il a perdu sa fille quelques années plus tôt. Son couple ne s’en est pas relevé, et la douleur n’a pas faibli avec le temps, d’autant qu’il n’a jamais su ce qui était réellement arrivé à son enfant. Evidemment, ce nouveau drame le replonge dans ses douloureux souvenirs, mais il y verra pourtant l’occasion d’épauler la famille de la victime, qu’il connait bien, en espérant lui offrir le soulagement auquel il n’a jamais eu droit, celui d’avoir des explications et de savoir que le ou les responsables ne récidiveront jamais.
On ne pourra que souligner la très belle performance de Jeremy Renner, dans le rôle du père meurtri, qui va néanmoins de l’avant. Mais le reste du casting mérite également les éloges.
La ravissante Elizabeth Olsen, qu’on avait découvert dans le très bon Martha Marcy May Marlene en 2011, forme un duo convaincant avec Jeremy Renner.
Wind River pourrait néanmoins se voir reprocher un manichéisme peut-être un peu trop prononcé.
De même, le film laisse l’impression de ne pas aller vraiment au bout de sa démarche dès lors qu’il fait le choix de prendre pour cadre une réserve indienne. Il y montre certes les importantes difficultés sociales qui y règnent et conclu également en pointant l’absence de données sur les disparitions dans les réserves indiennes, mais il laisse quand même l’impression d’être relativement superficiel dans ce qu’il cherche à dénoncer.
Enfin, on l’a dit, l’histoire, sans être inintéressante, demeure plutôt prévisible.
Wind River reste, dans les grandes lignes, une belle réussite, un film à l’ambiance captivante, une œuvre poignante sur la vie après la perte d’un être cher et qui offre à ce propos, une fin assez remarquable.
Difficile de rester de marbre devant ce « polar » relativement banal sur le fond mais dont la forme lui donne un caractère particulièrement marqué.
Taylor Sheridan, à 47 ans, signe son premier « vrai » film de bien belle manière. On ne peut qu’espérer qu’il sera en mesure de proposer d’autres œuvres de ce calibre à l’avenir.