Wolfman aurait pu être un excellent, fantastique et dantesque remake s'il n'avait pas connu le parcours chaotique qu'on lui connaît. Entre les retards incessants, le changement de réalisateur puis de monteurs, de compositeur et enfin de Rick Baker, le long-métrage en a connu des vertes et des pas mûres. C'est peut-être pour ça que le film du yes-man Joe Johnston ne convainc pas totalement. Pourtant, dans son ensemble, ce remake bienvenu du chef-d'œuvre de George Waggner est une réussite en soi...
L'histoire, fidèle au film original tout en y étoffant de nombreux aspects, s'avère excellente. Les décors diablement envoutants. L'atmosphère lugubre. Les maquillages pour le moins réussis et les scènes gore sont aussi inattendues que sincèrement surprenantes, Johnston nous assénant de nombreux passages extrêmement sanglants. Mais cette sympathique refonte est néanmoins contrebalancée par une réalisation très (trop) hollywoodienne, granguignolesque, rendant inégale la beauté visuelle du long-métrage.
L'abus d'images de synthèses poussives et inégales (comme cet ours et ce cerf inutilement présentés en CGI) appuient cette facilité de post-production bâclée, à l'image des scènes de transformations peu crédibles comparées au Loup-garou de Londres par exemple. C'est donc dans une certaine précipitation que le film a été achevé, et cela se voit hélas à l'écran... La musique s'avère donc elle aussi désordonnée, comme ce thème composé par un Danny Elfman un peu trop inspiré par celui de Wojciech Kilar pour le Dracula de Coppola.
Ainsi, Wolfman n'est pas un ratage mais plutôt un film inégal, bouleversé par une production désastreuse. Le casting s'avère toutefois convaincant (excepté pour ce cher Anthony Hopkins, exaspéré des conditions de tournage) et les scènes d'action parfois magistrales (la poursuite sur les toits) ou parfois dignes d'une série B (l'affrontement final), confirmant une fois de plus l'inégalité de ce long-métrage qui accumule décidément beaucoup de défauts.