Bon, on concèdera aux détracteurs du film que l’histoire est un gros cliché, et que ses personnages n’ont rien de surprenant. Benicio del Toro campe un acteur au passé trouble, un peu déboussolé par ses découvertes progressives des secrets familiaux, mais qui sur la globalité du film joue de façon linéaire, peinant un peu à exprimer des sentiments , Anthony Hopkins cabotine comme un beau diable (d’ailleurs, son personnage ne fait pas un pli, on sait immédiatement qui il est et quel sera son caractère pendant le film) et Hugo Weaving plisse les yeux pour avoir l’air d’un détective à la Sherlock Holmes. La trame de l’histoire est finalement rachitique, pouvant se résumer à un banal règlement de compte entre père et fils (aucune crainte de spoiler salement ici, on devine dès l’arrivée des personnages qui est qui). Le film ne joue pas l’esbrouffe, se contentant d’une formule qui donne dans la redite, préférant le sérieux de l’entreprise à l’originalité. Mais s’arrêter à ces détails serait faire preuve de mauvaise foi (rappelons le, Ichabod Crane est tout sauf un héros charismatique dans Sleepy Hollow), au vu du merveilleux travail effectué sur la facture technique du film. Musique à l’ancienne, image somptueuse, photographie savamment étudiée (certaines scènes sont des tableaux), décors envoûtants… Il s’agit d’un des plus beaux films de loups garous jamais fait, et tout le monde feint de l’ignorer en critiquant son scénario faiblard. Merde, vous avez regardé des trucs comme Le loup garou de Paris ou Wolfen ? The Wolfman est un cri d’amour aux productions de la hammer, et au vu des différents lieux filmés merveilleusement par le film, dur de passer à côté. Pas original pour un sou, mais un cadre stimulant qui comblera l’œil de la personne amatrice de bons films. Car au niveau de l’ambiance, c’est tout bon, on en a largement pour notre argent. Les effets spéciaux numériques sont eux aussi réussis, nous offrant plusieurs jolies transformations (le script parvient au moyen d’ellipses intelligentes à nous ménager pas moins de 4 pleines lunes). Certes, les fans des effets spéciaux de Bottin sur Hurlements ou de Rick Baker sur Le loup garou de Londres vont faire la grimace, mais ils restent tout à fait regardables, et quand on voit les ravages de nos loups garous, difficile de ne pas être satisfait (à part au camp gitan, où notre loup garou tue 3 personnes sans un plan détaillé, quel gâchis...). En bref, the wolfman, il est clair que ce n’est pas un chef d’œuvre, mais cette production gothique vaut largement le coup d’œil dans notre cinéma contemporain. Un cru très mésestimé.